David Ricardo (1772-1823)

Echange international et croissance 

Agent de change, propriétaire foncier, spéculateur, député, défenseur du libre-échange, promoteur de l’abolition des Corn Law, un des grands représentants du courant classique anglais du XVIIIème siècle
« Des principes de l’économie politique et de l’impôt» 1817

1 La théorie des avantages comparatifs

11 A. Smith: l’avantage absolu

Selon A. Smith, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des B et S pour lesquels il dispose d' un avantage absolu, CAD pour lesquels le coût est plus faible que dans le que le RDM. Seules les Nations qui ont un AA peuvent participer à l’échange.

12 D. Ricardo: l’avantage comparatif ou relatif

En revanche, selon D. Ricardo, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des B et S pour lesquels il dispose d’un avantage comparatif, CAD pour lesquels le coût relatif est le plus favorable ou le moins défavorable. Toutes les Nations peuvent participer à l’échange, car elles ont toutes un avantage comparatif.
L’accroissement de la productivité dû à la spécialisation permet un accroissement du bien-être de la population: réduction du temps de travail ou augmentation du produit.

2 Avantages du libre échange et de la spécialisation

21 Le bien être

La spécialisation accroît l’efficacité des facteurs de production. Elle accroît le volume de la production. Elle stimule la concurrence.

22 La croissance

Le revenu de la Nation se partage entre profits et salaires (et aussi rente).
Les salaires se maintiennent au niveau de subsistance sur le marché du travail. Plus ils sont faibles, plus les profits sont élevés.
Importer des marchandises achetées par les profits, comme le velours, permet d’accroître la quantité et la variété mais ne permet pas d’accroître les profits. Au contraire, importer des marchandises achetées par les salaires, comme le blé, permet alors d’accroître les profits. L’importation entraîne la baisse du prix du blé, abaisse le salaire de subsistance exprimé en monnaie, donc augmente les profits.
Le profit est le seul stimulant de l’investissement et partant de l’activité productive. Il repousse les limites de la croissance, empêche l’état stationnaire CAD la croissance nulle.

3 Hypothèses

31 Le commerce interbranche dans le cadre des nations

Ricardo fait référence au commerce inter branche, caractérisé par des échanges ou chaque pays exporte des biens de nature différente de ceux qu’il importe: vin contre drap.
32 L’absence de mobilité internationale des facteurs
Les hypothèses posées par Ricardo sont la mobilité du capital à l’intérieur des frontières, mais l’immobilité internationale du capital et du travail.
Par conséquent, les avantages comparatifs ne sont pas transférables.

33 Les rendements d’échelle constants

Ricardo fait implicitement l’hypothèse de rendements d’échelle constants, ce qui signifie que la production s’accroît proportionnellement à la quantité globale de facteurs utilisés.
A l’inverse, des rendements d’échelle croissants signifient que la production s’accroît plus que proportionnellement à la quantité globale de facteurs utilisés, CAD qu’il y a des économies d’échelle.
Ainsi, la spécialisation engendre un accroissement de la production qui entraîne des économies d’échelle, lesquelles permettent de développer un avantage comparatif
Par conséquent, c’est la spécialisation qui est à l’origine de l’avantage comparatif, et non plus l’inverse.

4 Prolongements actuels

41 L’importance croissante des firmes transnationales

Le développement des FTN  traduit une forte mobilité des capitaux à l’échelle planétaire.
Ainsi, un AC peut être crée à partir de capitaux étrangers.

42 Le développement du commerce intra branche

Le commerce interbranche caractérise des échanges ou chaque pays exporte des biens de nature différente de ceux qu’il importe. Le commerce intra branche caractérise des échanges ou chaque pays exporte et importe des biens de même nature.
Selon le modèle HOS, c’est l’abondance relative des facteurs qui explique l’avantage comparatif: chaque pays se spécialise dans la production des B et des S intégrant des facteurs qu’il détient en abondance. Ce modèle est de plus en plus contesté car le commerce intra branche est la forme de commerce la plus courante et en plus forte croissance.
Le développement des échanges intra branche s’explique par les rendements croissants et la concurrence monopolistique : chaque entreprise possède un monopole sur son produit différencié. Il en résulte une limitation de gamme des entreprises fabriquant des produits similaires, afin de bénéficier des économies d’échelle. Cette explication contredit l’hypothèse de Ricardo concernant les rendements d’échelle croissants.
Cependant, le développement des échanges intra branches n’infirme pas la conclusion de Ricardo quant aux vertus de la spécialisation car un pays a toujours intérêt à se spécialiser … dans n’importe quoi !

43 Intérêt et limites de l’intervention étatique

La théorie traditionnelle se résume à l’AC ricardien expliqué par les dotations en facteurs, la « nouvelle théorie » est celle qui s’oppose à la théorie traditionnelle, CAD à l’idée libérale selon laquelle le libre échange conduit un pays à la situation optimale.
En effet, il existe des externalités positives technologiques : autrement dit, certaines activités ont des retombées importantes en termes de progrès technique lequel bénéficie simultanément tout les agents économiques (il a les caractéristiques d’un bien collectif) : cf. microprocesseurs. Par conséquent, L’Etat doit encourager le développement des branches de haute technologie (politique de R et D, dépenses d’éducation, investissements publics). Le progrès technique est plus important, les GDP se multiplient
En outre, une firme peut bénéficier d’économies d’échelle dans un contexte de monopole naturel ou de secteurs oligopolistiques. Ainsi, la spécialisation engendre un accroissement de la production qui entraîne des économies d’échelle, lesquelles permettent de développer un avantage comparatif.
Par conséquent, l’Etat doit mener une politique commerciale stratégique afin d’encourager l’activité intérieure au détriment de la concurrence étrangère, par exemple par des subventions à l’exportation. La production augmente, les coûts baissent, la branche devient compétitive : cf. modèle Airbus Boeing
La « nouvelle théorie » remet radicalement en cause la logique du modèle ricardien, car c’est la spécialisation qui est à l’origine de l’avantage comparatif, et non plus l’inverse. Les AC ne sont plus donnés mais construits.
La stratégie de développement de la Corée illustre la « nouvelle théorie » : La Corée ne s’est pas contentée d’exploiter son AC dans le textile mais en a créés de nouveaux par une « remontée de filière » (extension des activités de production de l’aval vers l’amont) vers des activités à forte intensité capitalistique, puis à forte densité technologique.
Cependant, les limites de l’intervention étatique sont le risque de représailles et l’incertitude quant à la spécialisation porteuse.