La rationalisation des activités sociales
Sociologue allemand
« L' Ethique protestante et l’esprit du capitalisme » 1905
« Economie et société » 1922
1 La rationalisation
11 L’action sociale
Une « activité » est un comportement humain auquel l’agent ou les agents attribuent un sens subjectif. Une « activité sociale » est une activité se rapportant au comportement d’autrui. La "sociologie compréhensive" est l’approche wébérienne selon laquelle les sciences sociales doivent restituer la signification subjective des actions individuelles pour les acteurs.
12 Quatre types d’action
L’action affective consiste à agir sous l’effet des émotions : dispute.
L’action traditionnelle consiste à agir conformément aux traditions, coutumes, habitudes : formules de politesse.
L’action rationnelle en finalité consiste à mettre en adéquation les fins et les moyens CAD à effectuer un calcul coût / avantage : choix d’un itinéraire.
L’action rationnelle en valeur consiste à agir conformément à des valeurs sans se soucier des résultats : galanterie.
L’action rationnelle est caractérisée par la poursuite réfléchie d’un objectif, qu’il s’agisse de mettre en adéquation les fins et les moyens ou de rester conforme à des valeurs.
Il existe rarement dans la réalité un type pur d’action sociale: par exemple, le savant se livre à la recherche scientifique pure (but), mais doit se soucier de problèmes d’éthique (valeurs). Les quatre types d’action sont des idéaux-types. Un idéal-type est une construction théorique obtenue en accentuant les traits essentiels d’un phénomène social. Son but est de montrer la logique d’un comportement ou d’une réalité historique.
13 Rationalisation et désenchantement
La rationalisation des activités sociales est l’élargissement du champ d’action de la rationalité en finalité. Cette rationalisation, particulièrement présente dans les domaines scientifique, technologique et économique, s’étend progressivement à l’ensemble des activités sociales.
Les progrès de la science et de la technique permettent de développer la croyance en des explications rationnelles du monde, c'est-à-dire l’idée que nous pouvons maîtriser toute chose par la prévision, et par conséquent favorisent l’exercice de la rationalité instrumentale (en finalité).
La rationalisation implique la croyance en des explications rationnelles du monde, mais pas nécessairement la connaissance de ces explications. Le désenchantement du monde est l’abandon d’une vision magique du monde au profit d’une vision scientifique. Le monde n’est plus enchanté, CAD qu’il n’est plus sous l’influence de puissances surnaturelles et inexplicables. On assiste à des progrès du rationalisme : astronomie, génétique, démocratie...
2 Le capitalisme
21 Ethique protestante et esprit du capitalisme
L’éthique protestante prône le refus de la jouissance qui appartient à l’ordre du péché, un travail acharné qui permet la glorification de dieu, la poursuite de la réussite interprétée comme une preuve de l’élection ou de la prédestination (ce qui est condamné n’est pas la richesse mais l’utilisation de la richesse pour des dépenses inconsidérées).
L’éthique protestante est favorable à l’éclosion du capitalisme :
Ascétisme > Travail, épargne > Profits des entrepreneurs > Réinvestissement des profits > Accumulation de capital > Capitalisme
La thèse de Weber est celle de l’adéquation significative entre l’esprit du capitalisme et l’éthique protestante : il y a une affinité spirituelle entre une certaine vision du monde et un certain style d’activité économique. Ainsi, la doctrine protestante puritaine, par les valeurs et normes qu’elle véhiculait, a favorisé l’essor du capitalisme ou au moins de son esprit.
22 Capitalisme et rationalité
Le capitalisme est l’organisation rationnelle de l’entreprise, en vue de l’obtention de profits réguliers dans le cadre du marché, grâce à l’investissement en capital. Ex: sociétés de chemin de fer.
Le capitalisme est rationnel par rapport à des fins: rentabiliser le capital par le calcul économique, exploiter les possibilités d’échange par la libre entrée sur le marché, séparer le ménage de l’entreprise grâce à la personnalité morale, mettre en place une organisation du travail spécifique grâce au salariat
L'émergence du capitalisme s'inscrit dans un mouvement général de rationalisation de la société occidentale, favorable globalement à la croissance et au développement. Plus généralement, les facteurs culturels peuvent être à l'origine de la croissance et du développement. Ces derniers ne trouvent pas leur origine exclusive dans des facteurs techniques ou économiques.
3 La bureaucratie
31 Les trois types de domination légitime
La domination légitime est un pouvoir reconnu et accepté par les membres d’une société et de ce fait, ne reposant pas uniquement sur la force.
Weber distingue trois types idéaux de domination légitime: traditionnelle qui repose sur le caractère sacré des traditions, le poids des coutumes, charismatique qui repose sur la personnalité exceptionnelle du chef, rationnelle légale qui repose sur l’autorité impersonnelle de la loi. Dans ce dernier cas, un individu obéit à un second parce que celui-ci a légalement le droit de lui donner un ordre spécifique. Plus qu’à un individu, l’obéissance se fait à une loi votée selon des procédures elles-mêmes légales.
32 La domination bureaucratique
La domination bureaucratique s'exerce selon des compétences légales : le pouvoir des bureaucrates est réglementé de façon stricte. Les caractéristiques des fonctionnaires sont l’indépendance, l’intégration dans une hiérarchie, la qualification, la rémunération suivant leur rang, la soumission à une discipline. Il en résulte impartialité et efficacité.
La forme la plus pure de bureaucratie est l'administration publique mais Weber remarque que les grandes entreprises peuvent se rapprocher de ce modèle d'organisation.
Les vertus de la bureaucratie selon M. Weber sont la supériorité technique CAD l’efficacité, la mise en œuvre de la division du travail, l'évaluation chiffrée des résultats.
L'émergence de la bureaucratie est la seconde concrétisation de la rationalisation des activités sociales. Weber juge cette évolution positive car il estime cette forme d'organisation plus efficace que celle qui prévalait auparavant, fondée sur des relations personnelles et inégalitaires (exemple: serviteur / maître).
4 Prolongements actuels
41 Rationalité ou rationalité limitée?
La théorie néoclassique encore appelée analyse microéconomique ou microéconomie explique le fonctionnement de l’économie en partant des comportements individuels des agents. Elle émet sur les agents économiques les hypothèses suivantes:
Les individus sont rationnels, ce qui signifie qu'ils sont capables de hiérarchiser leurs préférences, les individus sont égoïstes, ce qui signifie qu'ils privilégient leur intérêt individuel. Par conséquent, ils adoptent un comportement de maximisation : pour les néoclassiques, l'économie est la science des choix rationnels.
Si les agents sont rationnels et égoïstes, le libre jeu du marché permet d’atteindre l'équilibre de concurrence pure et parfaite, lequel est optimal au sens de Pareto CAD qu’il n’est pas possible d’améliorer la situation d’un agent sans dégrader celle d’un autre. En d’autres termes, il permet la plus grande satisfaction possible des agents économiques et la meilleure utilisation possible des ressources.
Selon H. Simon, la rationalité est limitée par le fait que les possibilités intellectuelles sont elles mêmes limitées. Les individus se bornent à établir des catalogues de solutions satisfaisantes parmi lesquelles ils choisissent au lieu de chercher la solution optimale. Si la rationalité est limitée, l’existence et l’optimalité de l’équilibre de CPP sont alors compromis.
42 La bureaucratie est-elle efficace?
M. Crozier met en avant le concept de cercle vicieux bureaucratique :
Rigidité bureaucratique > Difficultés de communication > Lutte pour le pouvoir > etc.
Par exemple : organisation du ravitaillement par zones avec un bureau par zone recevant une part de la dotation globale (rigidité bureaucratique). Chaque bureau peut évaluer ses besoins mais connaît mal ceux des autres (difficultés de communication des groupes entre eux et avec l’environnement). Ainsi chaque bureau va tenter de s'attribuer la plus forte part possible de la dotation globale (position dans la lutte pour le pouvoir au sein de l’organisation). On peut remédier à ce problème en créant un corps d'inspecteurs, ce qui aggrave la rigidité bureaucratique.
43 Le retour de la superstition
Malgré la rationalisation, persiste une vision magique du monde: astrologie, voyance, rituels religieux, animisme, superstitions... Cette vision magique touche les individus les moins structurés.
44 La persistance des mouvements sociaux
Selon M. Olson, la rationalité individuelle empêche l’action collective : il vaut mieux ne jamais faire grève car l’individu rationnel ou free rider (passager clandestin) bénéficie des avantages de l’action collective sans en supporter les coûts. Donc, si tous les individus sont rationnels, il n' y aura jamais d’action collective, alors que cette dernière est optimale du point de vue collectif. C’est le paradoxe de l’action collective.
Cependant, les actions collectives persistent, ce qui semble prouver que les individus ne sont pas rationnels en finalité. On peut l’expliquer par une manifestation de la rationalité en valeur: on manifeste ou on fait grève pour exprimer sa solidarité, sa fidélité à un idéal ou simplement son opinion.
EDS de SES
Joseph Schumpeter (1883-1950)
Progrès technique et évolution économique:
Economiste autrichien hétérodoxe (ni libéral ni keynésien)
« Théorie de l’évolution économique» 1911
« Le cycle des affaires» 1939
« Capitalisme, Socialisme et Démocratie » 1942
« Histoire de l’analyse économique » inachevé, 1954
1 L’innovation et l’entrepreneur
11 Diversité des innovations
Il existe différents types d’innovations :
Un nouveau produit : post-it.
Un nouveau procédé : code barre
Un nouveau marché : Internet
Une nouvelle source de MP : nucléaire
Une nouvelle organisation : fordisme
Pour Schumpeter, l’innovation ne se limite pas aux nouveaux produits et aux nouveaux procédés. Elle peut donc exister sans progrès technique.
L’innovation est diffusée par les entreprises. Elle se situe donc du coté de l’offre.
Chaque nouvelle innovation crée une nouvelle combinaison productive mais détruit l’ancienne. Cette destruction est cependant progressive. L’innovation est donc à l’origine du processus de destruction créatrice, essence même du capitalisme.
Schumpeter appelle évolution économique les changements apportés au système économique par l’innovation. L’évolution économique englobe à la fois la croissance économique et le développement, défini comme un changement qualitatif spontané et discontinu. Exemple : lors de la première RI, filages et tissages mécanisés remplacent les petits artisans travaillant à domicile.
12 Le rôle de l’entrepreneur
L’entrepreneur introduit le changement en exécutant de nouvelle combinaison productive. Exemple : H. Ford. Il ne se conforme pas aux routines comme la plupart des agents économiques, il doit agir dans l’incertain contrairement à la plupart des agents économiques.
L’inventeur découvre de nouvelles combinaisons productives, l’entrepreneur les met en œuvre en innovant. En effet, l’innovation est l’utilisation économique d’une invention.
L’entrepreneur est un aventurier, un joueur, un révolutionnaire. C’est lui qui impulse l’évolution économique. Le profit est la récompense de l’entrepreneur, mais ce dernier est avant tout animé par la volonté d’innover et de l’emporter sur ses concurrents.
2 Progrès technique et cycle économique
21 Les cycles longs
Le cycle de Kondratiev dure 50 ans. Il se divise en deux phases: croissance forte, dépression ou croissance médiocre voire décroissance. Le sommet du cycle constitue la crise. Le point bas du cycle constitue la reprise. Nous serions au début d’une période de forte croissance constituant la première phase d’un cinquième Kondratiev, une nouvelle crise se produirait vers 2025.
22 L’analyse de Schumpeter
On peut remarquer que les innovations apparaissent de façon groupée. En effet, les produits et les procédés nouveaux sont interdépendants techniquement car une même invention peut engendrer plusieurs innovations : on parle de grappes d’innovations.
Une innovation majeure est à l’origine d’un paradigme technologique ou révolution industrielle, une innovation mineure ou incrémentale est induite par les innovations majeures.
Les grappes d’innovation apparaissent vers le milieu de la phase de dépression, CAD peu avant la reprise. On en induit que ce sont les innovations qui provoquent la reprise.
Ainsi, Schumpeter va tenter de relier grappes d’innovations et cycles : L’innovation entraîne un phénomène d’imitation, car son succès provoque l’apparition d’autres entrepreneurs qui, anticipant des profits élevés, empruntent et investissent à leur tour dans les branches innovatrices. Ainsi une innovation en amène-t-elle de nouvelles. Ces grappes entraînent un boom des investissements et des profits dont résulte une phase de croissance soutenue : c’est l’essor, première phase du cycle économique. Pendant l’essor, le revenu réel s’accroît définitivement. Puis apparaît le phénomène de saturation lié à la diffusion de l’innovation qui déclenche la seconde phase du cycle : les investissements ralentissent, l’activité se contracte, les faillites d’entreprises se multiplient, le chômage apparaît, l’économie entre en dépression, jusqu’à ce qu’apparaisse une nouvelle innovation.
Les innovations étant différentes (majeures, mineures), elles ont des périodes d’introduction variées. Schumpeter distingue ainsi les cycles longs appelés cycles Kondratiev, les cycles Juglar (6 à 10 ans), les cycles Kitchin (40 mois environ). Chaque cycle de Kondratiev correspondrait à une révolution technologique, ensemble de changements techniques liés à une ou plusieurs innovations majeures.
Exemple : la première RI correspond au premier cycle de Kondratiev, impulsé par l’invention de la machine à vapeur (Watt), les filages et tissages mécanisés…
3 Capitalisme et innovation
31 Les conditions socio-économiques de l’innovation
Les banques ont le pouvoir de créer de la monnaie grâce au crédit. Le crédit permet à l’entrepreneur d’exécuter de nouvelles combinaisons productives et par conséquent est facteur de croissance.
Les règles du jeu du système capitaliste sont la liberté d’entreprendre, la propriété privée des moyens de production et des innovations (brevets), les inégalités de revenu normales car reflets des aptitudes productives. Elles stimulent des comportements favorables chez les entrepreneurs. En cela, le capitalisme diffère des autres méthodes de sélection sociale, car ces dernières ne garantissent pas que les individus sélectionnés soient capables.
32 Structures de marché et innovations
L'équilibre de concurrence pure et parfaite est optimal au sens de Pareto. En d’autres termes, il permet la plus grande satisfaction possible des agents économiques et la meilleure utilisation possible des ressources.
Une des conditions de la concurrence pure et parfaite est l’atomicité : le marché est constitué par une multitude d' offreurs et de demandeurs de petite taille. Ainsi, les agents devront tous s’aligner sur le prix du marché. En conséquence, les entreprises en CPP réalisent un profit qui tend à devenir nul.
En revanche, le monopole produit moins, vend plus cher, réalise un surprofit ou rente de monopole.
Selon Schumpeter, la structure de marché monopolistique est plus efficace que le CPP : sur le plan technique, il permet d’économiser le capital et d’obtenir ainsi des économies d’échelle. Il favorise le développement des innovations grâce à ses moyens financiers. Il permet de récompenser l’entrepreneur grâce aux profits élevés qu’il engendre.
Le monopole est temporaire car d’autres entrepreneurs peuvent tenter d’entrer sur le marché et le menacent. Schumpeter est donc favorable à la concurrence mais il considère le monopole comme un moteur du progrès et de la croissance.
33 Taille des entreprises et innovations
L’exécution de nouvelles combinaisons productives se bureaucratise : de plus en plus elles sont dévolues à des équipes de spécialistes qui n’ont pas le génie créateur de l’entrepreneur schumpetérien.
L’augmentation de la taille des entreprises fait disparaître l’esprit d’innovation. La R et D devient une routine, ce qui réduit l’initiative individuelle.
On peut remarquer que les avantages du monopole s’estompent sur le long terme. Schumpeter pensait que le capitalisme disparaîtrait, victime de son succès et laisserait la place au socialisme
4 Prolongements actuels
41 Taille des entreprises et innovations
La concurrence au sens néoclassique s’opère par les prix. Ainsi, elle contraint les entreprises à diminuer leurs coûts de production, ce qui constitue une pression a l’innovation. Les petites entreprises sont plus flexibles et s’adaptent plus facilement aux innovations. Exemple: Silicon Valley, concentration de micros entreprises particulièrement dynamiques et innovantes. Cela contredit l’analyse de Schumpeter.
En revanche les grandes entreprises ont des moyens économiques plus importants pour développer des programmes de R et D. Exemple : Microsoft fondée en 1974 par Bill Gates détient 90 % du marché. On peut considérer que Microsoft est une firme relativement innovante, ses propres produits étant concurrents de ceux lances précédemment.
42 Le rôle de l’entrepreneur
Il existe trois types de managers : les visionnaires, les leaders, les technocrates. Le visionnaire, l’entrepreneur capitaliste schumpetérien, est en voie de disparition avec l’avènement des grandes sociétés anonymes, dont la structure financière est fondée sur l’actionnariat et non sur la propriété entrepreneuriale. Le goût du risque, de l’aventure, de l’innovation, s’efface au profit du calcul économique, de la prévision et de la planification.
43 Persistance des cycles économiques liés aux changements technologiques
Pour les adversaires de l’analyse schumpetérienne, il y a développement d’une nouvelle grappe d’innovation dès les années 70. On ne peut donc attribuer la crise de 73 à un essoufflement de l’innovation, ce qui remet en cause le lien entre innovation et cycle. D’autre part pourquoi les innovations majeures se produiraient-elles tous les cinquante ans ? L’analyse de Schumpeter reste sans doute pertinente, mais la régularité des cycles longs est remise en cause.
Pour Schumpeter c’est l’innovation qui déclenche le cycle, alors que pour G. Mensch, c’est le cycle économique qui va exercer une pression à l’innovation. C’est la faiblesse des profits des entrepreneurs qui les pousse à prendre des risques afin d’améliorer leur rentabilité en lançant de nouveaux produits, et non leur l’esprit aventureux.
Economiste autrichien hétérodoxe (ni libéral ni keynésien)
« Théorie de l’évolution économique» 1911
« Le cycle des affaires» 1939
« Capitalisme, Socialisme et Démocratie » 1942
« Histoire de l’analyse économique » inachevé, 1954
1 L’innovation et l’entrepreneur
11 Diversité des innovations
Il existe différents types d’innovations :
Un nouveau produit : post-it.
Un nouveau procédé : code barre
Un nouveau marché : Internet
Une nouvelle source de MP : nucléaire
Une nouvelle organisation : fordisme
Pour Schumpeter, l’innovation ne se limite pas aux nouveaux produits et aux nouveaux procédés. Elle peut donc exister sans progrès technique.
L’innovation est diffusée par les entreprises. Elle se situe donc du coté de l’offre.
Chaque nouvelle innovation crée une nouvelle combinaison productive mais détruit l’ancienne. Cette destruction est cependant progressive. L’innovation est donc à l’origine du processus de destruction créatrice, essence même du capitalisme.
Schumpeter appelle évolution économique les changements apportés au système économique par l’innovation. L’évolution économique englobe à la fois la croissance économique et le développement, défini comme un changement qualitatif spontané et discontinu. Exemple : lors de la première RI, filages et tissages mécanisés remplacent les petits artisans travaillant à domicile.
12 Le rôle de l’entrepreneur
L’entrepreneur introduit le changement en exécutant de nouvelle combinaison productive. Exemple : H. Ford. Il ne se conforme pas aux routines comme la plupart des agents économiques, il doit agir dans l’incertain contrairement à la plupart des agents économiques.
L’inventeur découvre de nouvelles combinaisons productives, l’entrepreneur les met en œuvre en innovant. En effet, l’innovation est l’utilisation économique d’une invention.
L’entrepreneur est un aventurier, un joueur, un révolutionnaire. C’est lui qui impulse l’évolution économique. Le profit est la récompense de l’entrepreneur, mais ce dernier est avant tout animé par la volonté d’innover et de l’emporter sur ses concurrents.
2 Progrès technique et cycle économique
21 Les cycles longs
Le cycle de Kondratiev dure 50 ans. Il se divise en deux phases: croissance forte, dépression ou croissance médiocre voire décroissance. Le sommet du cycle constitue la crise. Le point bas du cycle constitue la reprise. Nous serions au début d’une période de forte croissance constituant la première phase d’un cinquième Kondratiev, une nouvelle crise se produirait vers 2025.
22 L’analyse de Schumpeter
On peut remarquer que les innovations apparaissent de façon groupée. En effet, les produits et les procédés nouveaux sont interdépendants techniquement car une même invention peut engendrer plusieurs innovations : on parle de grappes d’innovations.
Une innovation majeure est à l’origine d’un paradigme technologique ou révolution industrielle, une innovation mineure ou incrémentale est induite par les innovations majeures.
Les grappes d’innovation apparaissent vers le milieu de la phase de dépression, CAD peu avant la reprise. On en induit que ce sont les innovations qui provoquent la reprise.
Ainsi, Schumpeter va tenter de relier grappes d’innovations et cycles : L’innovation entraîne un phénomène d’imitation, car son succès provoque l’apparition d’autres entrepreneurs qui, anticipant des profits élevés, empruntent et investissent à leur tour dans les branches innovatrices. Ainsi une innovation en amène-t-elle de nouvelles. Ces grappes entraînent un boom des investissements et des profits dont résulte une phase de croissance soutenue : c’est l’essor, première phase du cycle économique. Pendant l’essor, le revenu réel s’accroît définitivement. Puis apparaît le phénomène de saturation lié à la diffusion de l’innovation qui déclenche la seconde phase du cycle : les investissements ralentissent, l’activité se contracte, les faillites d’entreprises se multiplient, le chômage apparaît, l’économie entre en dépression, jusqu’à ce qu’apparaisse une nouvelle innovation.
Les innovations étant différentes (majeures, mineures), elles ont des périodes d’introduction variées. Schumpeter distingue ainsi les cycles longs appelés cycles Kondratiev, les cycles Juglar (6 à 10 ans), les cycles Kitchin (40 mois environ). Chaque cycle de Kondratiev correspondrait à une révolution technologique, ensemble de changements techniques liés à une ou plusieurs innovations majeures.
Exemple : la première RI correspond au premier cycle de Kondratiev, impulsé par l’invention de la machine à vapeur (Watt), les filages et tissages mécanisés…
3 Capitalisme et innovation
31 Les conditions socio-économiques de l’innovation
Les banques ont le pouvoir de créer de la monnaie grâce au crédit. Le crédit permet à l’entrepreneur d’exécuter de nouvelles combinaisons productives et par conséquent est facteur de croissance.
Les règles du jeu du système capitaliste sont la liberté d’entreprendre, la propriété privée des moyens de production et des innovations (brevets), les inégalités de revenu normales car reflets des aptitudes productives. Elles stimulent des comportements favorables chez les entrepreneurs. En cela, le capitalisme diffère des autres méthodes de sélection sociale, car ces dernières ne garantissent pas que les individus sélectionnés soient capables.
32 Structures de marché et innovations
L'équilibre de concurrence pure et parfaite est optimal au sens de Pareto. En d’autres termes, il permet la plus grande satisfaction possible des agents économiques et la meilleure utilisation possible des ressources.
Une des conditions de la concurrence pure et parfaite est l’atomicité : le marché est constitué par une multitude d' offreurs et de demandeurs de petite taille. Ainsi, les agents devront tous s’aligner sur le prix du marché. En conséquence, les entreprises en CPP réalisent un profit qui tend à devenir nul.
En revanche, le monopole produit moins, vend plus cher, réalise un surprofit ou rente de monopole.
Selon Schumpeter, la structure de marché monopolistique est plus efficace que le CPP : sur le plan technique, il permet d’économiser le capital et d’obtenir ainsi des économies d’échelle. Il favorise le développement des innovations grâce à ses moyens financiers. Il permet de récompenser l’entrepreneur grâce aux profits élevés qu’il engendre.
Le monopole est temporaire car d’autres entrepreneurs peuvent tenter d’entrer sur le marché et le menacent. Schumpeter est donc favorable à la concurrence mais il considère le monopole comme un moteur du progrès et de la croissance.
33 Taille des entreprises et innovations
L’exécution de nouvelles combinaisons productives se bureaucratise : de plus en plus elles sont dévolues à des équipes de spécialistes qui n’ont pas le génie créateur de l’entrepreneur schumpetérien.
L’augmentation de la taille des entreprises fait disparaître l’esprit d’innovation. La R et D devient une routine, ce qui réduit l’initiative individuelle.
On peut remarquer que les avantages du monopole s’estompent sur le long terme. Schumpeter pensait que le capitalisme disparaîtrait, victime de son succès et laisserait la place au socialisme
4 Prolongements actuels
41 Taille des entreprises et innovations
La concurrence au sens néoclassique s’opère par les prix. Ainsi, elle contraint les entreprises à diminuer leurs coûts de production, ce qui constitue une pression a l’innovation. Les petites entreprises sont plus flexibles et s’adaptent plus facilement aux innovations. Exemple: Silicon Valley, concentration de micros entreprises particulièrement dynamiques et innovantes. Cela contredit l’analyse de Schumpeter.
En revanche les grandes entreprises ont des moyens économiques plus importants pour développer des programmes de R et D. Exemple : Microsoft fondée en 1974 par Bill Gates détient 90 % du marché. On peut considérer que Microsoft est une firme relativement innovante, ses propres produits étant concurrents de ceux lances précédemment.
42 Le rôle de l’entrepreneur
Il existe trois types de managers : les visionnaires, les leaders, les technocrates. Le visionnaire, l’entrepreneur capitaliste schumpetérien, est en voie de disparition avec l’avènement des grandes sociétés anonymes, dont la structure financière est fondée sur l’actionnariat et non sur la propriété entrepreneuriale. Le goût du risque, de l’aventure, de l’innovation, s’efface au profit du calcul économique, de la prévision et de la planification.
43 Persistance des cycles économiques liés aux changements technologiques
Pour les adversaires de l’analyse schumpetérienne, il y a développement d’une nouvelle grappe d’innovation dès les années 70. On ne peut donc attribuer la crise de 73 à un essoufflement de l’innovation, ce qui remet en cause le lien entre innovation et cycle. D’autre part pourquoi les innovations majeures se produiraient-elles tous les cinquante ans ? L’analyse de Schumpeter reste sans doute pertinente, mais la régularité des cycles longs est remise en cause.
Pour Schumpeter c’est l’innovation qui déclenche le cycle, alors que pour G. Mensch, c’est le cycle économique qui va exercer une pression à l’innovation. C’est la faiblesse des profits des entrepreneurs qui les pousse à prendre des risques afin d’améliorer leur rentabilité en lançant de nouveaux produits, et non leur l’esprit aventureux.
Adam Smith (1723-1790)
Division du travail et extension des marchés
Philosophe et économiste anglais, fondateur de l’école classique anglaise et du courant libéral
« Recherche sur les causes et la nature de la richesse des Nations", 1776
1 Sources de la DDT
11 Le penchant naturel des hommes à l’échange
La division du travail est le résultat du penchant naturel qu’auraient les hommes à échanger et par conséquent à se spécialiser dans la production des biens pour laquelle chacun est le plus efficace
La poursuite de son intérêt individuel conduit chaque individu à rechercher la plus grande efficacité possible sachant qu’il pourra échanger le produit de son travail. Ce phénomène entraîne un bénéfice global pour la société car la richesse s’accroît.
Le libre jeu du marché permet la plus grande satisfaction possible des agents économiques et la meilleure utilisation possible des ressources. Le mécanisme concurrentiel est appelé « main invisible » par Adam Smith.
12 L’extension du marché
La condition nécessaire de la division du travail est un marché suffisamment étendu. En effet, un marché trop étroit prive les hommes de la faculté d’échanger, donc interdit la spécialisation.
Extension du marché > Spécialisation > DDT
De même, la liberté du commerce international entraîne une extension du marché
Ouverture internationale > Extension du marché > Spécialisation > Division internationale du travail > Gain d’efficacité > Accroissement de la richesse
13 L’accumulation de capital
L’accumulation de capital est une condition nécessaire de la division du travail : un producteur spécialisé doit faire l’avance du capital nécessaire à la production : machine, matières premières, fonds de salaires.
La division du travail favorise en retour l’accumulation de capital car elle entraîne un développement de l’utilisation de machines (mécanisation ou machinisme) dont résulte un accroissement du besoin de capital.
L’accroissement de la production liée à l’approfondissement de ma DDT et à l’accumulation de capital entraîne une hausse de l’emploi.
2 Effets de la division du travail
21 DDT, productivité et amélioration des techniques
La division du travail provoque une hausse de la productivité du travail par tête par accroissement de la dextérité des ouvriers (car la tâche est plus simple et répétitive), une diminution de la flânerie et des temps morts (perte de temps liée à un changement de tâche), la mécanisation de la production (machine à vapeur, à filer, à tisser).
Le changement technique est endogène dans la mesure ou c’est la DDT qui conduit à l’amélioration des techniques. En effet, ce sont les ouvriers qui, effectuant une tâche très simple, sont les plus à même de découvrir une méthode de production plus efficace. Ainsi, il existe un lien entre accroissement de la DDT et PT.
22 DDT et élargissement des marchés
L’accroissement de la division du travail permet d’accroître la production et donc la consommation au delà de ce qui est nécessaire pour subsister.
En retour, l’opulence générale stimule les échanges et permet une nouvelle extension des marchés, ce qui engendre un cercle vertueux :
DDT > Gains de productivité > Accroissement de la production > Accroissement de la richesse > Extension des marchés > Approfondissement de la DDT.
23 Division technique et division sociale
La division technique du travail désigne une répartition des tâches entre travailleurs dans le cadre d’un processus de production, la division sociale du travail désigne la répartition des tâches entre les individus au sein de la société. Marx reproche à Smith de confondre DDT dans l’atelier et DDT dans la société, CAD divisions technique et sociale de travail.
Selon Marx il faut les distinguer, car les ouvriers parcellaires ne produisent pas de marchandises (produits vendus sur un marché) contrairement à des producteurs indépendants. La DDT sociale est générale, tandis que la DDT technique ou manufacturière est spéciale au capitalisme. Cette dernière est un instrument d’exploitation.
24 Effets négatifs de la DDT
La parcellisation a pour conséquence l’affaiblissement des facultés morales et physiques de l’ouvrier. L’Etat pourrait développer l’éducation pour prévenir ce mal.
3 Prolongements actuels
31 Formes actuelles de la DDT dans l’entreprise
Taylorisme et fordisme illustrent l’analyse smithienne. L’invention du convoyeur par H. Ford, qui découle de la recherche de l’approfondissement de la DDT, illustre l’idée selon laquelle la DDT permet l’amélioration des techniques et l’accumulation de capital. Production et consommation de masse, liées à la DDT, illustrent le concept d’extension des marchés.
Cependant, les gains de productivité peuvent être recherchés à travers un recul de la division du travail comme l’illustrent toyotisme et post taylorisme (Nouvelles formes d’organisation du travail).
L’analyse smithienne n’est par pour autant dépassée, car on ne peut affirmer que le taylorisme et le fordisme ont disparu et les nouvelles formes d’organisation du travail ne constituent souvent que des aménagements. On parle même de néo-taylorisme CAD d’un retour au taylorisme dans certaines activités ou les tâches sont répétitives et parcellisées : saisie de données informatiques, centres d’appels
32 Formes actuelles de la DDT entre entreprises
Au sens large, l’externalisation consiste à reporter sur une autre entreprise le lien contractuel avec le travailleur : achat de services marchands aux entreprises (gardiennage, nettoyage), sous-traitance, recours au travail temporaire, recours aux travailleurs indépendants. Au sens strict, elle concerne seulement les services marchands aux entreprises.
L’externalisation permet une limitation des coûts, une meilleure adaptation à la variation des commandes, une économie de capital par la transformation des coûts fixes en coûts variables. Elle peut, dans une perspective smithienne, s’analyser comme une extension de la DDT entre les entreprises.
Philosophe et économiste anglais, fondateur de l’école classique anglaise et du courant libéral
« Recherche sur les causes et la nature de la richesse des Nations", 1776
1 Sources de la DDT
11 Le penchant naturel des hommes à l’échange
La division du travail est le résultat du penchant naturel qu’auraient les hommes à échanger et par conséquent à se spécialiser dans la production des biens pour laquelle chacun est le plus efficace
La poursuite de son intérêt individuel conduit chaque individu à rechercher la plus grande efficacité possible sachant qu’il pourra échanger le produit de son travail. Ce phénomène entraîne un bénéfice global pour la société car la richesse s’accroît.
Le libre jeu du marché permet la plus grande satisfaction possible des agents économiques et la meilleure utilisation possible des ressources. Le mécanisme concurrentiel est appelé « main invisible » par Adam Smith.
12 L’extension du marché
La condition nécessaire de la division du travail est un marché suffisamment étendu. En effet, un marché trop étroit prive les hommes de la faculté d’échanger, donc interdit la spécialisation.
Extension du marché > Spécialisation > DDT
De même, la liberté du commerce international entraîne une extension du marché
Ouverture internationale > Extension du marché > Spécialisation > Division internationale du travail > Gain d’efficacité > Accroissement de la richesse
13 L’accumulation de capital
L’accumulation de capital est une condition nécessaire de la division du travail : un producteur spécialisé doit faire l’avance du capital nécessaire à la production : machine, matières premières, fonds de salaires.
La division du travail favorise en retour l’accumulation de capital car elle entraîne un développement de l’utilisation de machines (mécanisation ou machinisme) dont résulte un accroissement du besoin de capital.
L’accroissement de la production liée à l’approfondissement de ma DDT et à l’accumulation de capital entraîne une hausse de l’emploi.
2 Effets de la division du travail
21 DDT, productivité et amélioration des techniques
La division du travail provoque une hausse de la productivité du travail par tête par accroissement de la dextérité des ouvriers (car la tâche est plus simple et répétitive), une diminution de la flânerie et des temps morts (perte de temps liée à un changement de tâche), la mécanisation de la production (machine à vapeur, à filer, à tisser).
Le changement technique est endogène dans la mesure ou c’est la DDT qui conduit à l’amélioration des techniques. En effet, ce sont les ouvriers qui, effectuant une tâche très simple, sont les plus à même de découvrir une méthode de production plus efficace. Ainsi, il existe un lien entre accroissement de la DDT et PT.
22 DDT et élargissement des marchés
L’accroissement de la division du travail permet d’accroître la production et donc la consommation au delà de ce qui est nécessaire pour subsister.
En retour, l’opulence générale stimule les échanges et permet une nouvelle extension des marchés, ce qui engendre un cercle vertueux :
DDT > Gains de productivité > Accroissement de la production > Accroissement de la richesse > Extension des marchés > Approfondissement de la DDT.
23 Division technique et division sociale
La division technique du travail désigne une répartition des tâches entre travailleurs dans le cadre d’un processus de production, la division sociale du travail désigne la répartition des tâches entre les individus au sein de la société. Marx reproche à Smith de confondre DDT dans l’atelier et DDT dans la société, CAD divisions technique et sociale de travail.
Selon Marx il faut les distinguer, car les ouvriers parcellaires ne produisent pas de marchandises (produits vendus sur un marché) contrairement à des producteurs indépendants. La DDT sociale est générale, tandis que la DDT technique ou manufacturière est spéciale au capitalisme. Cette dernière est un instrument d’exploitation.
24 Effets négatifs de la DDT
La parcellisation a pour conséquence l’affaiblissement des facultés morales et physiques de l’ouvrier. L’Etat pourrait développer l’éducation pour prévenir ce mal.
3 Prolongements actuels
31 Formes actuelles de la DDT dans l’entreprise
Taylorisme et fordisme illustrent l’analyse smithienne. L’invention du convoyeur par H. Ford, qui découle de la recherche de l’approfondissement de la DDT, illustre l’idée selon laquelle la DDT permet l’amélioration des techniques et l’accumulation de capital. Production et consommation de masse, liées à la DDT, illustrent le concept d’extension des marchés.
Cependant, les gains de productivité peuvent être recherchés à travers un recul de la division du travail comme l’illustrent toyotisme et post taylorisme (Nouvelles formes d’organisation du travail).
L’analyse smithienne n’est par pour autant dépassée, car on ne peut affirmer que le taylorisme et le fordisme ont disparu et les nouvelles formes d’organisation du travail ne constituent souvent que des aménagements. On parle même de néo-taylorisme CAD d’un retour au taylorisme dans certaines activités ou les tâches sont répétitives et parcellisées : saisie de données informatiques, centres d’appels
32 Formes actuelles de la DDT entre entreprises
Au sens large, l’externalisation consiste à reporter sur une autre entreprise le lien contractuel avec le travailleur : achat de services marchands aux entreprises (gardiennage, nettoyage), sous-traitance, recours au travail temporaire, recours aux travailleurs indépendants. Au sens strict, elle concerne seulement les services marchands aux entreprises.
L’externalisation permet une limitation des coûts, une meilleure adaptation à la variation des commandes, une économie de capital par la transformation des coûts fixes en coûts variables. Elle peut, dans une perspective smithienne, s’analyser comme une extension de la DDT entre les entreprises.
John Maynard Keynes (1883-1946)
Sous-emploi et demande
Economiste, homme d’affaires, responsable politique, fondateur de la macro économie, branche de la théorie économique qui étudie le fonctionnement de l’économie dans sa globalité
« Les conséquences économiques de la paix » 1920
« Traité sur la monnaie » 1930
« Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » 1936
1 Crise et instabilité au cœur de l’analyse keynésienne
11 La crise des années 30
Pour Keynes les signes de la crise des années 30 sont le chômage de masse, la chute de la production et de l’investissement, la déflation ou baisse des prix, la faiblesse de la demande. La baisse des prix entraîne un gonflement des dettes exprimées en termes réels, de nature à ralentir encore l’activité économique puisque le recours au crédit est gravement compromis
12 L’explication de la crise.
Keynes raisonne au niveau macroéconomique, CAD sur des variables agrégées.
OG = offre globale = valeur de la production = coût de production
Y = revenu global = consommation (des ménages) + épargne (des ménages) = C + S
DG = demande globale = recettes des entreprises = consommation (des ménages) + investissement (des entreprises) = C + I
Le revenu est égal à la valeur de la production. Autrement dit : OG = Y.
Profits des entreprises = recettes des entreprises - coûts de production = C + I - C- S = I - S = investissement (des entreprises) - épargne (des ménages)
L’épargne réduit les profits des entreprises, tandis que les investissements les alimentent.
L’investissement est la variable clé expliquant les fluctuations de l’activité économique.
Lors du boom, les investissements augmentent par rapport à l’épargne, le profit croît, le crédit est facile, ce qui stimule en retour l’investissement.
Lors de la crise, les investissements chutent par rapport à l’épargne, le profit baisse, le crédit se contracte, ce qui réduit à nouveau l’investissement.
Keynes s’oppose à la théorie néoclassique et au modèle de l’individu rationnel sur deux plans : il souligne l’importance des esprits animaux (optimisme / pessimisme) en matière économique ainsi que l’impossibilité d’une stricte prévision car l’avenir est incertain.
2 La critique keynésienne de l’économie classique
21 L’équilibre sur le marché du travail
Le salaire nominal est le salaire en monnaie, le salaire réel est le salaire nominal rapporté aux prix. Le salaire réel étant égal à la désutilité marginale du travail (substitution loisir / travail), l’offre de travail est une fonction décroissante du salaire réel. Le salaire réel étant égal à la productivité marginale du travail (substitution capital / travail), la demande de travail est une fonction décroissante du salaire réel.
D’après la théorie classique de l’emploi, la fluctuation du salaire réel permet l’ajustement de l’offre et de la demande de travail sur le marché, à condition que le salaire et l’emploi soient parfaitement flexibles. Les travailleurs potentiels qui sont au chômage refusent tout simplement de travailler au taux de salaire réel d’équilibre : ce sont donc des chômeurs volontaires. Il y a donc absence de chômage involontaire: le plein-emploi est automatique.
Si dans les faits le chômage involontaire existe, c’est parce que le salaire effectivement en vigueur sur le marché du travail n’est pas suffisamment flexible, CAD ne fluctue pas librement en fonction de l’offre et de la demande.
En revanche, d’après Keynes, les travailleurs sont sensibles au salaire nominal et non au salaire réel : ils sont atteints d’illusion monétaire. En effet, la hausse des prix entraîne une baisse des salaires réels. Cette baisse des salaires réels est d’après Keynes sans effet sur l’offre de main-d’œuvre contrairement à la baisse du salaire nominal.
Il en résulte l’impossibilité d’un équilibre sur le marché du travail puisque l’offre de travail dépend du salaire nominal tandis que la demande de travail dépend du salaire réel
En découle l’existence d’un chômage involontaire.
De plus, selon Keynes, une baisse des salaires réels en vue d’équilibrer le marché suivant la théorie classique entraîne une réduction de la demande effective ou DG anticipée par les entrepreneurs à court terme. Il en résulte une diminution de la production et par conséquent une réduction de la demande de travail : ainsi le chômage ne peut se résorber par la flexibilité du salaire réel.
22 La loi de Say
Selon J. B. Say (1767-1832), « la formation d’un produit ouvre un débouché à d’autres produits » : c’est la Loi des débouchés. En effet, la production (= OG) engendre des revenus (= Y) permettant d’acheter les produits (=DG).
Autrement dit, OG = Y = DG. Pour Say, l’offre crée sa propre demande. Conformément à la conception classique, la monnaie est neutre ou passive, CAD qu’elle n’est qu’un intermédiaire des échanges : en réalité, les produits s’échangent contre d’autres produits.
La conséquence de la loi de Say est l’impossibilité d’une crise de surproduction dans le cadre d’une économie concurrentielle. Sur le marché des biens de consommation, OG et DG s’équilibrent par la flexibilité des prix. Les interventions de l’Etat sont un facteur de crise car l’Etat entrave la réalisation de l’équilibre entre l’offre et la demande, par exemple en réglementant les prix. L’harmonie des comportements individuels entre producteurs et consommateurs sera alors compromise.
Si OG = Y = DG, alors C + S = C + I soit I = S : investissement (des entreprises) = épargne (des ménages). Sur le marché financier, l’offre et la demande de capitaux, CAD l’épargne et l’investissement, s’équilibrent par la flexibilité du taux d’intérêt, lequel rémunère la renonciation à la consommation.
Keynes va contester la loi de Say : pour lui, OG = Y est vrai mais OG = Y = DG est faux.
Le revenu est égal à la valeur de la production mais n’est pas forcément égal aux recettes des entreprises car les ménages peuvent thésauriser une partie de leur revenu : la monnaie peut être désirée pour elle-même. L’épargne n’est alors plus égale à investissement.
Si la loi de Say est inexacte, il peut survenir une crise de surproduction dans le cadre d’une économie concurrentielle. Exemple : crise de 1929.
3 Le système keynésien : l’équilibre de sous emploi
31 Le rôle de la monnaie
D’après Keynes, la fonction de consommation est du type : Cf = c.Y + C0 :
c = PmC = dCf /dY = propension marginale à consommer (comprise entre 0 et 1)
C0 = consommation incompressible
Cf /Y = PMC = propension moyenne à consommer
Il en résulte que dCf = c.dY : le déterminant du partage du revenu entre la consommation et de l’épargne est la propension à consommer.
L’épargne peut être placée ou conservée sous forme de liquidités. Le déterminant du partage de l’épargne entre liquidité et placement est la préférence pour la liquidité car le liquide est immédiatement disponible. Selon la conception keynésienne, le taux d’intérêt rémunère la renonciation à la liquidité et non à la consommation.
Il en résulte que, sur le marché financier, l’épargne et l’investissement ne peuvent s’équilibrer par la flexibilité du taux d’intérêt. Le taux d’intérêt permet d’équilibrer la quantité de monnaie disponible et la quantité de monnaie désirée, CAD la demande de monnaie. Par exemple, si la quantité de monnaie émise augmente, le taux baisse.
Une baisse du taux d’intérêt encourage l’investissement car pour Keynes, l’entreprise investit si le taux d’intérêt est inférieur à l’efficacité marginale du capital, rendement escompté des investissements futurs.
32 Le principe de la demande effective
Si l’emploi augmente, l’accroissement du revenu dY qui en résulte entraîne une hausse de la consommation dCf = c.dY soit une perte dS = dY- dCf = dY- c.dY = (1- c).dY liée à l’accroissement de l’épargne.
Il est donc nécessaire que l’investissement augmente (dI = dS) pour absorber ce supplément d’épargne, sans quoi les entreprises réaliseraient des pertes.
Keynes introduit le concept de demande effective = DG anticipée par les employeurs à court terme = demande de biens de consommation anticipée + demande de biens d’équipement anticipée = consommation + investissements anticipés.
Les entreprises produisent et emploient la main d’oeuvre afin de satisfaire la DE. Ainsi, le volume de la production et par conséquent le niveau de l’emploi sont déterminés par la DE.
Or le niveau de la DE ne correspond pas forcément au plein emploi : il y a alors chômage ou sous-emploi lié à une insuffisance de la DE. Cet « équilibre de sous emploi » est, pour Keynes, typique des économies capitalistes.
L’insuffisance de la DE s’explique par un investissement insuffisant des entreprises lié aux anticipations pessimistes des entrepreneurs ou une consommation insuffisante des ménages liée à un excès d’épargne.
33 Synthèse du système keynésien
La propension à consommer détermine le partage du revenu entre la consommation et de l’épargne.
Le taux d’intérêt permet d’équilibrer la quantité de monnaie disponible et la quantité de monnaie désirée qui dépend de la préférence pour la liquidité.
Le rendement escompté des investissements futurs comparé au taux d’intérêt détermine le montant de l’investissement nouveau.
La demande de biens de consommation anticipée et de la demande de biens d’équipement anticipée déterminent la demande effective, le volume de la production et par conséquent le niveau de l’emploi
Ce dernier détermine le salaire réel puisque le l’économie est en situation de sous emploi.
Enfin, le salaire réel alimente le revenu des ménages.
34 La stimulation de la demande
Pour résorber le chômage, il faut stimuler la DG de façon à provoquer une relance de l’activité : Keynes préconise une politique d’investissements publics, par exemple des programmes de grands travaux. Un investissement public additionnel dI entraîne une distribution de revenus supplémentaires notée dY sous formes de salaires, consommations intermédiaires, etc. Ces revenus supplémentaires vont être dépensés par les agents économiques suivant la fonction de consommation keynésienne. Cela entraîne un revenu pour les agents bénéficiaires de la dépense. Ces revenus supplémentaires vont être à leur tour dépensés par les agents économiques, etc.
A l’issue des différentes vagues, il y a équilibre entre accroissement du revenu et de la dépense, d’une part, entre investissement et épargne, d’autre part.
De plus, l' investissement additionnel dI réalisé au départ entraîne une succession de revenus et de dépenses qui engendre une hausse du PIB dY k fois plus élevée que l’investissement additionnel dI.
En effet, dY = dCf + dI = c.dY + dI soit dY = dI / (1- c) soit dY / dI = 1 / (1 - c) = k, appelé le multiplicateur. Ainsi, il est possible de relancer l’activité économique et de stimuler l’emploi par le mécanisme du multiplicateur d’investissement. Exemple : le New Deal de Roosevelt.
4 Prolongements actuels
41 L’ « Ecole de l’offre »
Les politiques keynésiennes de soutien de la demande entraînent un niveau trop élevé des prélèvements obligatoires (investissements publics, distribution de prestations sociales).
Selon A. Laffer, au-delà d'un seuil limite, toute augmentation du taux d'imposition diminue les recettes fiscales au lieu de les augmenter : trop d’impôt tue l’impôt.
En effet, face à une hausse des PO, les actifs substitution le loisir au travail et les détenteurs de capitaux renoncent à investir. Il en résulte une désincitation au travail, à l’embauche, à la production, à l’investissement, à l’épargne qui provoque un freinage de l’activité et partant de plus faibles rentrées fiscales.
L’« Ecole de l’offre », animée par G. Gilder et A. Laffer, célèbre pour avoir inspiré le programme économique du président Reagan, est fondée sur une réhabilitation de la loi de Say : c’est l’offre (de biens, de travail) qui stimule la croissance. Il s’agit de stimuler le travail et l’esprit d’entreprise en diminuant les impôts sur les personnes et les entreprises.
42 L’« Ecole du déséquilibre »
La théorie du déséquilibre (par exemple E. Malinvaud en France) se fonde sur une hypothèse contraire à celle de la théorie néoclassique : on suppose que les prix et les salaires sont rigides à court terme. Par conséquent, l’ajustement sur un marché ne se réalise plus par une fluctuation du prix, mais par un rationnement soit des offreurs soit des demandeurs, ce qui signifie que l’offre et la demande ne s’équilibrent pas.
Sur le marché du travail, il y a excès d’offre puisqu’il y a chômage.
Sur le marché des B et S, deux cas possibles : Offre excédentaire CAD rationnement des offreurs ou demande excédentaire CAD rationnement des demandeurs.
Si le marché des biens se caractérise par une offre excédentaire, il y a chômage keynésien : en effet, il provient d’une demande globale insuffisante. Il faut appliquer un remède keynésien et stimuler la DG.
Si le marché des biens se caractérise par une demande excédentaire, il y a chômage classique : en effet, les salaires sont trop élevés, ce qui gonfle la demande de B et S mais décourage l’offre (car les salaires sont un coût de production). Il faut appliquer un remède néo-classique et réduire les salaires réels.
Ainsi, les années 70 seraient caractérisées par un chômage classique lié à des hausses de salaire excessives, les années 90 par un chômage keynésien lié la rigueur budgétaire.
43 Le salaire est-il un prix d’équilibre ?
Selon la théorie du salaire d’efficience, les salariés réduisent leur productivité lorsqu’ils sont soumis à une baisse de leurs rémunérations.
Baisse du salaire > Baisse de la productivité du travail > Maintien du prix relatif du travail par rapport au capital > Déplacement de la courbe de demande de travail vers la gauche > Maintien du chômage.
Selon la théorie insiders/outsiders, l’embauche d’outsiders entraîne des coûts dits de rotation à savoir les coûts d’intégration au poste de travail. Ainsi, la firme préfère-t-elle surpayer les insiders, tant que l’écart de salaire reste inférieur aux coûts de rotation. D’autre part, les insiders peuvent abaisser leur productivité en réponse à des recrutements externes.
Ces deux thèses confirment la thèse keynésienne selon laquelle la fluctuation du salaire réel ne permet pas l’ajustement de l’offre et de la demande de travail sur le marché.
Economiste, homme d’affaires, responsable politique, fondateur de la macro économie, branche de la théorie économique qui étudie le fonctionnement de l’économie dans sa globalité
« Les conséquences économiques de la paix » 1920
« Traité sur la monnaie » 1930
« Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » 1936
1 Crise et instabilité au cœur de l’analyse keynésienne
11 La crise des années 30
Pour Keynes les signes de la crise des années 30 sont le chômage de masse, la chute de la production et de l’investissement, la déflation ou baisse des prix, la faiblesse de la demande. La baisse des prix entraîne un gonflement des dettes exprimées en termes réels, de nature à ralentir encore l’activité économique puisque le recours au crédit est gravement compromis
12 L’explication de la crise.
Keynes raisonne au niveau macroéconomique, CAD sur des variables agrégées.
OG = offre globale = valeur de la production = coût de production
Y = revenu global = consommation (des ménages) + épargne (des ménages) = C + S
DG = demande globale = recettes des entreprises = consommation (des ménages) + investissement (des entreprises) = C + I
Le revenu est égal à la valeur de la production. Autrement dit : OG = Y.
Profits des entreprises = recettes des entreprises - coûts de production = C + I - C- S = I - S = investissement (des entreprises) - épargne (des ménages)
L’épargne réduit les profits des entreprises, tandis que les investissements les alimentent.
L’investissement est la variable clé expliquant les fluctuations de l’activité économique.
Lors du boom, les investissements augmentent par rapport à l’épargne, le profit croît, le crédit est facile, ce qui stimule en retour l’investissement.
Lors de la crise, les investissements chutent par rapport à l’épargne, le profit baisse, le crédit se contracte, ce qui réduit à nouveau l’investissement.
Keynes s’oppose à la théorie néoclassique et au modèle de l’individu rationnel sur deux plans : il souligne l’importance des esprits animaux (optimisme / pessimisme) en matière économique ainsi que l’impossibilité d’une stricte prévision car l’avenir est incertain.
2 La critique keynésienne de l’économie classique
21 L’équilibre sur le marché du travail
Le salaire nominal est le salaire en monnaie, le salaire réel est le salaire nominal rapporté aux prix. Le salaire réel étant égal à la désutilité marginale du travail (substitution loisir / travail), l’offre de travail est une fonction décroissante du salaire réel. Le salaire réel étant égal à la productivité marginale du travail (substitution capital / travail), la demande de travail est une fonction décroissante du salaire réel.
D’après la théorie classique de l’emploi, la fluctuation du salaire réel permet l’ajustement de l’offre et de la demande de travail sur le marché, à condition que le salaire et l’emploi soient parfaitement flexibles. Les travailleurs potentiels qui sont au chômage refusent tout simplement de travailler au taux de salaire réel d’équilibre : ce sont donc des chômeurs volontaires. Il y a donc absence de chômage involontaire: le plein-emploi est automatique.
Si dans les faits le chômage involontaire existe, c’est parce que le salaire effectivement en vigueur sur le marché du travail n’est pas suffisamment flexible, CAD ne fluctue pas librement en fonction de l’offre et de la demande.
En revanche, d’après Keynes, les travailleurs sont sensibles au salaire nominal et non au salaire réel : ils sont atteints d’illusion monétaire. En effet, la hausse des prix entraîne une baisse des salaires réels. Cette baisse des salaires réels est d’après Keynes sans effet sur l’offre de main-d’œuvre contrairement à la baisse du salaire nominal.
Il en résulte l’impossibilité d’un équilibre sur le marché du travail puisque l’offre de travail dépend du salaire nominal tandis que la demande de travail dépend du salaire réel
En découle l’existence d’un chômage involontaire.
De plus, selon Keynes, une baisse des salaires réels en vue d’équilibrer le marché suivant la théorie classique entraîne une réduction de la demande effective ou DG anticipée par les entrepreneurs à court terme. Il en résulte une diminution de la production et par conséquent une réduction de la demande de travail : ainsi le chômage ne peut se résorber par la flexibilité du salaire réel.
22 La loi de Say
Selon J. B. Say (1767-1832), « la formation d’un produit ouvre un débouché à d’autres produits » : c’est la Loi des débouchés. En effet, la production (= OG) engendre des revenus (= Y) permettant d’acheter les produits (=DG).
Autrement dit, OG = Y = DG. Pour Say, l’offre crée sa propre demande. Conformément à la conception classique, la monnaie est neutre ou passive, CAD qu’elle n’est qu’un intermédiaire des échanges : en réalité, les produits s’échangent contre d’autres produits.
La conséquence de la loi de Say est l’impossibilité d’une crise de surproduction dans le cadre d’une économie concurrentielle. Sur le marché des biens de consommation, OG et DG s’équilibrent par la flexibilité des prix. Les interventions de l’Etat sont un facteur de crise car l’Etat entrave la réalisation de l’équilibre entre l’offre et la demande, par exemple en réglementant les prix. L’harmonie des comportements individuels entre producteurs et consommateurs sera alors compromise.
Si OG = Y = DG, alors C + S = C + I soit I = S : investissement (des entreprises) = épargne (des ménages). Sur le marché financier, l’offre et la demande de capitaux, CAD l’épargne et l’investissement, s’équilibrent par la flexibilité du taux d’intérêt, lequel rémunère la renonciation à la consommation.
Keynes va contester la loi de Say : pour lui, OG = Y est vrai mais OG = Y = DG est faux.
Le revenu est égal à la valeur de la production mais n’est pas forcément égal aux recettes des entreprises car les ménages peuvent thésauriser une partie de leur revenu : la monnaie peut être désirée pour elle-même. L’épargne n’est alors plus égale à investissement.
Si la loi de Say est inexacte, il peut survenir une crise de surproduction dans le cadre d’une économie concurrentielle. Exemple : crise de 1929.
3 Le système keynésien : l’équilibre de sous emploi
31 Le rôle de la monnaie
D’après Keynes, la fonction de consommation est du type : Cf = c.Y + C0 :
c = PmC = dCf /dY = propension marginale à consommer (comprise entre 0 et 1)
C0 = consommation incompressible
Cf /Y = PMC = propension moyenne à consommer
Il en résulte que dCf = c.dY : le déterminant du partage du revenu entre la consommation et de l’épargne est la propension à consommer.
L’épargne peut être placée ou conservée sous forme de liquidités. Le déterminant du partage de l’épargne entre liquidité et placement est la préférence pour la liquidité car le liquide est immédiatement disponible. Selon la conception keynésienne, le taux d’intérêt rémunère la renonciation à la liquidité et non à la consommation.
Il en résulte que, sur le marché financier, l’épargne et l’investissement ne peuvent s’équilibrer par la flexibilité du taux d’intérêt. Le taux d’intérêt permet d’équilibrer la quantité de monnaie disponible et la quantité de monnaie désirée, CAD la demande de monnaie. Par exemple, si la quantité de monnaie émise augmente, le taux baisse.
Une baisse du taux d’intérêt encourage l’investissement car pour Keynes, l’entreprise investit si le taux d’intérêt est inférieur à l’efficacité marginale du capital, rendement escompté des investissements futurs.
32 Le principe de la demande effective
Si l’emploi augmente, l’accroissement du revenu dY qui en résulte entraîne une hausse de la consommation dCf = c.dY soit une perte dS = dY- dCf = dY- c.dY = (1- c).dY liée à l’accroissement de l’épargne.
Il est donc nécessaire que l’investissement augmente (dI = dS) pour absorber ce supplément d’épargne, sans quoi les entreprises réaliseraient des pertes.
Keynes introduit le concept de demande effective = DG anticipée par les employeurs à court terme = demande de biens de consommation anticipée + demande de biens d’équipement anticipée = consommation + investissements anticipés.
Les entreprises produisent et emploient la main d’oeuvre afin de satisfaire la DE. Ainsi, le volume de la production et par conséquent le niveau de l’emploi sont déterminés par la DE.
Or le niveau de la DE ne correspond pas forcément au plein emploi : il y a alors chômage ou sous-emploi lié à une insuffisance de la DE. Cet « équilibre de sous emploi » est, pour Keynes, typique des économies capitalistes.
L’insuffisance de la DE s’explique par un investissement insuffisant des entreprises lié aux anticipations pessimistes des entrepreneurs ou une consommation insuffisante des ménages liée à un excès d’épargne.
33 Synthèse du système keynésien
La propension à consommer détermine le partage du revenu entre la consommation et de l’épargne.
Le taux d’intérêt permet d’équilibrer la quantité de monnaie disponible et la quantité de monnaie désirée qui dépend de la préférence pour la liquidité.
Le rendement escompté des investissements futurs comparé au taux d’intérêt détermine le montant de l’investissement nouveau.
La demande de biens de consommation anticipée et de la demande de biens d’équipement anticipée déterminent la demande effective, le volume de la production et par conséquent le niveau de l’emploi
Ce dernier détermine le salaire réel puisque le l’économie est en situation de sous emploi.
Enfin, le salaire réel alimente le revenu des ménages.
34 La stimulation de la demande
Pour résorber le chômage, il faut stimuler la DG de façon à provoquer une relance de l’activité : Keynes préconise une politique d’investissements publics, par exemple des programmes de grands travaux. Un investissement public additionnel dI entraîne une distribution de revenus supplémentaires notée dY sous formes de salaires, consommations intermédiaires, etc. Ces revenus supplémentaires vont être dépensés par les agents économiques suivant la fonction de consommation keynésienne. Cela entraîne un revenu pour les agents bénéficiaires de la dépense. Ces revenus supplémentaires vont être à leur tour dépensés par les agents économiques, etc.
A l’issue des différentes vagues, il y a équilibre entre accroissement du revenu et de la dépense, d’une part, entre investissement et épargne, d’autre part.
De plus, l' investissement additionnel dI réalisé au départ entraîne une succession de revenus et de dépenses qui engendre une hausse du PIB dY k fois plus élevée que l’investissement additionnel dI.
En effet, dY = dCf + dI = c.dY + dI soit dY = dI / (1- c) soit dY / dI = 1 / (1 - c) = k, appelé le multiplicateur. Ainsi, il est possible de relancer l’activité économique et de stimuler l’emploi par le mécanisme du multiplicateur d’investissement. Exemple : le New Deal de Roosevelt.
4 Prolongements actuels
41 L’ « Ecole de l’offre »
Les politiques keynésiennes de soutien de la demande entraînent un niveau trop élevé des prélèvements obligatoires (investissements publics, distribution de prestations sociales).
Selon A. Laffer, au-delà d'un seuil limite, toute augmentation du taux d'imposition diminue les recettes fiscales au lieu de les augmenter : trop d’impôt tue l’impôt.
En effet, face à une hausse des PO, les actifs substitution le loisir au travail et les détenteurs de capitaux renoncent à investir. Il en résulte une désincitation au travail, à l’embauche, à la production, à l’investissement, à l’épargne qui provoque un freinage de l’activité et partant de plus faibles rentrées fiscales.
L’« Ecole de l’offre », animée par G. Gilder et A. Laffer, célèbre pour avoir inspiré le programme économique du président Reagan, est fondée sur une réhabilitation de la loi de Say : c’est l’offre (de biens, de travail) qui stimule la croissance. Il s’agit de stimuler le travail et l’esprit d’entreprise en diminuant les impôts sur les personnes et les entreprises.
42 L’« Ecole du déséquilibre »
La théorie du déséquilibre (par exemple E. Malinvaud en France) se fonde sur une hypothèse contraire à celle de la théorie néoclassique : on suppose que les prix et les salaires sont rigides à court terme. Par conséquent, l’ajustement sur un marché ne se réalise plus par une fluctuation du prix, mais par un rationnement soit des offreurs soit des demandeurs, ce qui signifie que l’offre et la demande ne s’équilibrent pas.
Sur le marché du travail, il y a excès d’offre puisqu’il y a chômage.
Sur le marché des B et S, deux cas possibles : Offre excédentaire CAD rationnement des offreurs ou demande excédentaire CAD rationnement des demandeurs.
Si le marché des biens se caractérise par une offre excédentaire, il y a chômage keynésien : en effet, il provient d’une demande globale insuffisante. Il faut appliquer un remède keynésien et stimuler la DG.
Si le marché des biens se caractérise par une demande excédentaire, il y a chômage classique : en effet, les salaires sont trop élevés, ce qui gonfle la demande de B et S mais décourage l’offre (car les salaires sont un coût de production). Il faut appliquer un remède néo-classique et réduire les salaires réels.
Ainsi, les années 70 seraient caractérisées par un chômage classique lié à des hausses de salaire excessives, les années 90 par un chômage keynésien lié la rigueur budgétaire.
43 Le salaire est-il un prix d’équilibre ?
Selon la théorie du salaire d’efficience, les salariés réduisent leur productivité lorsqu’ils sont soumis à une baisse de leurs rémunérations.
Baisse du salaire > Baisse de la productivité du travail > Maintien du prix relatif du travail par rapport au capital > Déplacement de la courbe de demande de travail vers la gauche > Maintien du chômage.
Selon la théorie insiders/outsiders, l’embauche d’outsiders entraîne des coûts dits de rotation à savoir les coûts d’intégration au poste de travail. Ainsi, la firme préfère-t-elle surpayer les insiders, tant que l’écart de salaire reste inférieur aux coûts de rotation. D’autre part, les insiders peuvent abaisser leur productivité en réponse à des recrutements externes.
Ces deux thèses confirment la thèse keynésienne selon laquelle la fluctuation du salaire réel ne permet pas l’ajustement de l’offre et de la demande de travail sur le marché.
Alexis de Tocqueville (1805-1859)
Egalisation des conditions et démocratie
Juge, député libéral, ministre des Affaires étrangères
« De la démocratie en Amérique » en 1835 après un voyage aux Etats-Unis
« L’Ancien Régime et la Révolution » 1856
1 La société démocratique
11 Démocratie et égalisation des conditions
Pour Tocqueville, la démocratie est l’égalisation des conditions : égalité de droit, des chances, de fait. Au contraire la société aristocratique est inégalitaire : l’appartenance à un ordre (noblesse…) entraîne des privilèges (inégalité de droit), les activités sociales, subordonnées à l’appartenance à un ordre, présentent un caractère héréditaire (inégalité des chances), il existe de très fortes inégalités de fortune (inégalité de fait).
L’effet de la démocratie en termes de composition sociale est la moyennisation de la société : expansion de la classe moyenne en raison de l’uniformisation des niveaux et des modes de vie.
12 Démocratie sociale et politique
Selon la définition politique traditionnelle de la démocratie, il s’agit d’un régime politique garantissant les droits et libertés du citoyen (liberté d’expression, droit d’association), la séparation des pouvoirs (législatif, judiciaire, exécutif) le pluralisme (plusieurs partis politiques sont en concurrence pour l’exercice du pouvoir).
Pour Tocqueville, la démocratie est davantage un état de la société qu’un régime politique.
Il s’agit d’une conception sociétale de la démocratie.
Ces deux conceptions sont néanmoins liées car le gouvernement du peuple par le peuple suppose l’égalité des citoyens.
2 Les dérives de la démocratie
21 Démocratie et matérialisme
L’égalisation des conditions conduit au matérialisme car elle amène chaque homme à rechercher la réussite matérielle. Ce phénomène est source de frustration car l’abondance et la prospérité poussent les individus à considérer davantage ce qui leur manque que ce qu’ils possèdent. Plus la société s’enrichit, plus les individus se sentent pauvres.
En effet, nos sociétés sont agitées par une insatisfaction permanente. L’analyse tocquevilienne préfigure la théorie de la frustration relative : corrélation positive entre niveaux d’instruction et chances objectives de promotion, corrélation négative entre niveaux d’instruction et opinions à l’égard des chances de promotion.
22 Démocratie et individualisme
L’individualisme tocquevillien consiste à se désintéresser de la sphère publique pour se replier sur la sphère privée.
En revanche, la société aristocratique, fondée sur l’inégalité des individus, entraîne l’existence de droit et de devoirs particuliers à chacun, ce qui crée un lien social entre les individus et empêche l’individualisme. Exemple : le seigneur devait protéger ses paysans
La démocratie permet à chacun de se désintéresser de la société et de s’abandonner à l’individualisme, dans la mesure ou le lien social n’a plus un caractère obligatoire comme dans les sociétés aristocratiques.
23 Démocratie et liberté
Les deux versants de l’égalité soulignés par Tocqueville sont l’aspiration à la grandeur ou émulation qui s’oppose au nivellement par le bas. Ce dernier implique de limiter les possibilités des individus les plus aptes ce qui n’est possible qu’en restreignant leur liberté. Exemple : collectivisation des moyens de production empêchant la libre entreprise.
L’Etat despotique est la forme dégénérée de l’Etat démocratique : les citoyens lui ont confié la recherche de leur bien-être, ce qu’il réalise en intervenant de plus en plus dans leurs affaires privées c’est à dire en restreignant abusivement leur liberté. Les membres d’une société démocratique sont enclins à accepter le despotisme car les individus se retrouvent isolés et impuissants face au pouvoir du gouvernement qu’ils ont légitimé par les procédures démocratiques. L’Etat providence illustre la dérive despotique des gouvernements démocratiques : Sécurité sociale obligatoire, obligation scolaire, impôts et taxes, port de la ceinture obligatoire, radar automatique.
Dans une démocratie, les lois sont établies selon le principe majoritaire. Ainsi la majorité risque-t-elle d’être tyrannique, c’est à dire d’imposer des lois injustes, conformes à ses intérêts, à telle ou telle minorité. Tocqueville oppose l’exigence de justice à la tyrannie de la majorité. Ainsi une loi démocratiquement votée n’est-elle pas nécessairement juste mais peut être le reflet des intérêts des plus nombreux. Exemples récents de la tyrannie de la majorité : port du voile, mariages homosexuels restent interdits.
3 Prolongements actuels
31 Le repli sur la sphère privée
Le Nimby est une forme d’action collective locale visant à repousser les externalités négatives sur le reste de la collectivité : rejet d’un aéroport. Il renvoie à l’individualisme tocquevillien, caractérisé par le désintérêt de la sphère publique au profit de la sphère privée. Certains politiques réagissent par le clientélisme électoral, CAD la promotion des intérêts catégoriels au détriment de l’intérêt général.
32 La montée de l’abstentionnisme
L’abstentionnisme en France touche désormais presque la moitié des électeurs. Il illustre la progression de l’individualisme démocratique pressentie par Tocqueville.
Le « cens caché » est une expression de D. Gaxie utilisée par référence au suffrage censitaire, lequel s’oppose au suffrage universel. Autrement dit, l’électorat n’est plus représentatif de la population. Les catégories les plus touchées par l’abstentionnisme sont les jeunes, les femmes, les défavorisés, les moins diplômés
Les résultats des consultations électorales sont faussés car l’abstentionnisme n’est pas uniformément reparti suivant les différentes variables sociales En découle une crise de légitimité des institutions démocratiques. Exemple : les intérêts des chômeurs ne sont pas prioritaires.
33 La professionnalisation de la représentation politique
La démocratie représentative est le fait que les représentants agissent au nom de ceux qui les ont mandatés pour les défendre. Ils exercent un mandat représentatif et non impératif. Le système représentatif moderne se caractérise par une assemblée législative élue.
La professionnalisation de la représentation politique est le fait que les activités politiques soient exercées par des professionnels qui en font leur activité principale. Elle se justifie par la nécessité de compétences particulières dans le cadre de la DST entre gouvernants et gouvernés. Exemple : connaissance du Droit.
Ce phénomène illustre le risque de despotisme ; les élus peuvent s’arroger le droit de juger de l’intérêt de leurs mandants.
Par ailleurs, il illustre également le risque de désintérêt de la sphère publique de la part d’électeurs frustres par l’action de leurs représentants ou découragés par leur propre incompétence
Il peut en résulter l’abstentionnisme des catégories les plus défavorisées, ou au contraire le vote sanction des catégories les plus instruites qui remettent en cause la légitimité de l’action des hommes politiques.
34 L’importance de l’opinion publique
La « démocratie d’opinion » est le développement de l’importance de l’opinion publique dans la prise de décision politique. Exemple : rôle des sondages. Ce phénomène renvoie à la tyrannie de la majorité.
Selon P. Bourdieu, l’opinion publique n’existe pas. Elle serait fabriquée par les média dans la mesure où ils choisissent les questions qu’ils soulèvent, ce qui entraîne le risque de manipulation ou de battage médiatique. Exemple : l’insécurité.
Cette « démocratie du public » n’est pas sans risques : le débat politique est lié à l’actualité et devient volatil. Il est davantage le reflet des préoccupations de l’élite intellectuelle que celle des citoyens ordinaires. Exemple : mariage des homosexuels.
Juge, député libéral, ministre des Affaires étrangères
« De la démocratie en Amérique » en 1835 après un voyage aux Etats-Unis
« L’Ancien Régime et la Révolution » 1856
1 La société démocratique
11 Démocratie et égalisation des conditions
Pour Tocqueville, la démocratie est l’égalisation des conditions : égalité de droit, des chances, de fait. Au contraire la société aristocratique est inégalitaire : l’appartenance à un ordre (noblesse…) entraîne des privilèges (inégalité de droit), les activités sociales, subordonnées à l’appartenance à un ordre, présentent un caractère héréditaire (inégalité des chances), il existe de très fortes inégalités de fortune (inégalité de fait).
L’effet de la démocratie en termes de composition sociale est la moyennisation de la société : expansion de la classe moyenne en raison de l’uniformisation des niveaux et des modes de vie.
12 Démocratie sociale et politique
Selon la définition politique traditionnelle de la démocratie, il s’agit d’un régime politique garantissant les droits et libertés du citoyen (liberté d’expression, droit d’association), la séparation des pouvoirs (législatif, judiciaire, exécutif) le pluralisme (plusieurs partis politiques sont en concurrence pour l’exercice du pouvoir).
Pour Tocqueville, la démocratie est davantage un état de la société qu’un régime politique.
Il s’agit d’une conception sociétale de la démocratie.
Ces deux conceptions sont néanmoins liées car le gouvernement du peuple par le peuple suppose l’égalité des citoyens.
2 Les dérives de la démocratie
21 Démocratie et matérialisme
L’égalisation des conditions conduit au matérialisme car elle amène chaque homme à rechercher la réussite matérielle. Ce phénomène est source de frustration car l’abondance et la prospérité poussent les individus à considérer davantage ce qui leur manque que ce qu’ils possèdent. Plus la société s’enrichit, plus les individus se sentent pauvres.
En effet, nos sociétés sont agitées par une insatisfaction permanente. L’analyse tocquevilienne préfigure la théorie de la frustration relative : corrélation positive entre niveaux d’instruction et chances objectives de promotion, corrélation négative entre niveaux d’instruction et opinions à l’égard des chances de promotion.
22 Démocratie et individualisme
L’individualisme tocquevillien consiste à se désintéresser de la sphère publique pour se replier sur la sphère privée.
En revanche, la société aristocratique, fondée sur l’inégalité des individus, entraîne l’existence de droit et de devoirs particuliers à chacun, ce qui crée un lien social entre les individus et empêche l’individualisme. Exemple : le seigneur devait protéger ses paysans
La démocratie permet à chacun de se désintéresser de la société et de s’abandonner à l’individualisme, dans la mesure ou le lien social n’a plus un caractère obligatoire comme dans les sociétés aristocratiques.
23 Démocratie et liberté
Les deux versants de l’égalité soulignés par Tocqueville sont l’aspiration à la grandeur ou émulation qui s’oppose au nivellement par le bas. Ce dernier implique de limiter les possibilités des individus les plus aptes ce qui n’est possible qu’en restreignant leur liberté. Exemple : collectivisation des moyens de production empêchant la libre entreprise.
L’Etat despotique est la forme dégénérée de l’Etat démocratique : les citoyens lui ont confié la recherche de leur bien-être, ce qu’il réalise en intervenant de plus en plus dans leurs affaires privées c’est à dire en restreignant abusivement leur liberté. Les membres d’une société démocratique sont enclins à accepter le despotisme car les individus se retrouvent isolés et impuissants face au pouvoir du gouvernement qu’ils ont légitimé par les procédures démocratiques. L’Etat providence illustre la dérive despotique des gouvernements démocratiques : Sécurité sociale obligatoire, obligation scolaire, impôts et taxes, port de la ceinture obligatoire, radar automatique.
Dans une démocratie, les lois sont établies selon le principe majoritaire. Ainsi la majorité risque-t-elle d’être tyrannique, c’est à dire d’imposer des lois injustes, conformes à ses intérêts, à telle ou telle minorité. Tocqueville oppose l’exigence de justice à la tyrannie de la majorité. Ainsi une loi démocratiquement votée n’est-elle pas nécessairement juste mais peut être le reflet des intérêts des plus nombreux. Exemples récents de la tyrannie de la majorité : port du voile, mariages homosexuels restent interdits.
3 Prolongements actuels
31 Le repli sur la sphère privée
Le Nimby est une forme d’action collective locale visant à repousser les externalités négatives sur le reste de la collectivité : rejet d’un aéroport. Il renvoie à l’individualisme tocquevillien, caractérisé par le désintérêt de la sphère publique au profit de la sphère privée. Certains politiques réagissent par le clientélisme électoral, CAD la promotion des intérêts catégoriels au détriment de l’intérêt général.
32 La montée de l’abstentionnisme
L’abstentionnisme en France touche désormais presque la moitié des électeurs. Il illustre la progression de l’individualisme démocratique pressentie par Tocqueville.
Le « cens caché » est une expression de D. Gaxie utilisée par référence au suffrage censitaire, lequel s’oppose au suffrage universel. Autrement dit, l’électorat n’est plus représentatif de la population. Les catégories les plus touchées par l’abstentionnisme sont les jeunes, les femmes, les défavorisés, les moins diplômés
Les résultats des consultations électorales sont faussés car l’abstentionnisme n’est pas uniformément reparti suivant les différentes variables sociales En découle une crise de légitimité des institutions démocratiques. Exemple : les intérêts des chômeurs ne sont pas prioritaires.
33 La professionnalisation de la représentation politique
La démocratie représentative est le fait que les représentants agissent au nom de ceux qui les ont mandatés pour les défendre. Ils exercent un mandat représentatif et non impératif. Le système représentatif moderne se caractérise par une assemblée législative élue.
La professionnalisation de la représentation politique est le fait que les activités politiques soient exercées par des professionnels qui en font leur activité principale. Elle se justifie par la nécessité de compétences particulières dans le cadre de la DST entre gouvernants et gouvernés. Exemple : connaissance du Droit.
Ce phénomène illustre le risque de despotisme ; les élus peuvent s’arroger le droit de juger de l’intérêt de leurs mandants.
Par ailleurs, il illustre également le risque de désintérêt de la sphère publique de la part d’électeurs frustres par l’action de leurs représentants ou découragés par leur propre incompétence
Il peut en résulter l’abstentionnisme des catégories les plus défavorisées, ou au contraire le vote sanction des catégories les plus instruites qui remettent en cause la légitimité de l’action des hommes politiques.
34 L’importance de l’opinion publique
La « démocratie d’opinion » est le développement de l’importance de l’opinion publique dans la prise de décision politique. Exemple : rôle des sondages. Ce phénomène renvoie à la tyrannie de la majorité.
Selon P. Bourdieu, l’opinion publique n’existe pas. Elle serait fabriquée par les média dans la mesure où ils choisissent les questions qu’ils soulèvent, ce qui entraîne le risque de manipulation ou de battage médiatique. Exemple : l’insécurité.
Cette « démocratie du public » n’est pas sans risques : le débat politique est lié à l’actualité et devient volatil. Il est davantage le reflet des préoccupations de l’élite intellectuelle que celle des citoyens ordinaires. Exemple : mariage des homosexuels.
Karl Marx (1818-1883)
Conflits de classe et changement social
Etudes de philosophie, journaliste, publie un grand nombre d’ouvrages de sciences économiques, de philosophie et de sociologie, organise l’action politique en contribuant à la création de l’organisation internationale des travailleurs
« Le manifeste du parti communiste » (avec F. Engels) 1848
« Le capital » (plusieurs tomes à partir de 1867)
1 Le contexte historique
11 Les conséquences de la Révolution industrielle
Le prolétariat de fabrique, CAD les travailleurs de l’industrie, constituent la classe ouvrière qui apparaît à partir de la RI en Angleterre. Ce phénomène est progressif car factory system et domestic system (travailleurs ruraux à domicile) vont coexister pendant longtemps.
12 Les conditions de travail du prolétariat
La formation de la main-d’œuvre s’apparente au dressage car la main d’oeuvre industrielle est d’origine rurale, sans expérience, sans formation, sans discipline. Les ouvriers sont soumis à un régime autoritaire et tyrannique. Les travailleurs de fabrique sont surexploités et soumis à des conditions de vie insalubres.
2 Le système marxien
21 L’explication du changement social
Les quatre idées fondamentales de la théorie marxiste sont la permanence des conflits de classe, la bipolarisation des conflits, le rôle moteur du conflit, la nature endogène du changement social : il naît du fonctionnement même de la société dans laquelle il se produit.
Les forces productives correspondent aux facteurs de production CAD les moyens de production (le capital) et la force de travail.
Le niveau de développement des forces productives dépend des facteurs démographiques qui déterminent la force de travail, du progrès technique qui influence les moyens de production.
Les rapports de production sont les rapports établis entre les hommes pour produire, dépendant du niveau de développement des forces productives. Exemple : le capitalisme est fondé sur le salariat, qui correspond aux forces productives industrielles caractérisées par le machinisme et la force de travail ouvrière.
On peut parler de déterminisme technique et économique chez Marx, car les rapports de production dépendent essentiellement de la technique. Ainsi le progrès technique va-t-il influencer les relations nouées entre les hommes. Exemple : le salariat dérive du machinisme naissant, CAD de la mise en œuvre des machines à vapeur.
On peut aussi parler de matérialisme, car pour Marx, la conscience des individus dépend de leur position dans les rapports de production. La façon d’agir et de penser dépend de nos conditions matérielles d’existence. Exemple : la servitude engendre la servilité
Progrès technique > Moyens de production > Niveau de développement des forces productives > Rapports de production > Conscience sociale
Un mode de production est la combinaison d’un certain niveau de développement des forces productives et d’un certain type de rapports de production. Exemples : le mode de production féodal est caractérisé par la combinaison de forces productives agricoles faiblement développées et du servage. Le mode de production capitaliste est caractérisé par la combinaison du machinisme et du salariat.
L’explication du changement social chez Marx est la suivante : les forces productives, qui évoluent sous l’effet du progrès technique, vont entrer en contradiction avec les rapports de production, ce qui va entraîner un changement du mode de production : il y aura changement social.
Par exemple, l’industrie manufacturière entre en contradiction avec les rapports de production féodaux car le servage, les corporations, entravent le libre jeu du marché. Or l’industrie moderne ne peut se développer que dans le cadre d’une société de marché.
On passe ainsi du mode de production féodal au mode de production capitaliste
22 L’analyse du capitalisme
La plus-value est la différence entre la valeur des marchandises crées par le travail et la valeur des marchandises nécessaire à la reproduction de la force de travail CAD les salaires (de subsistance) perçus par les travailleurs.
Le taux de plus-value est le rapport entre plus value et salaire. Il dépend essentiellement de la durée du travail, le salaire étant maintenu au niveau de subsistance.
La plus-value est l’enjeu d’un conflit d’intérêt : dans le mode de production capitaliste, la plus value extorquée par la bourgeoisie aux ouvriers est d’autant plus élevée que les salaires sont faibles.
Le moyen d’action des travailleurs face aux capitalistes est le syndicat, coalition des travailleurs face aux capitalistes. Le premier objectif des syndicats est de faire cesser la concurrence que les ouvriers se livrent sur le marché, de façon à faire obstacle à la chute des salaires. Le second est d’abattre le capitalisme et d’instaurer le socialisme, propriété collective des moyens de productions dans une société sans classes.
La lutte des classes, antagonisme entre classes sociales opposées par des intérêts contradictoires, oppose la bourgeoisie et le prolétariat.
L’appartenance de classe dépend de la position occupée dans les rapports de production. Avant que ne commence la lutte, la masse des travailleurs forme une classe en soi car elle occupe une même position dans les rapports de production: situation commune, intérêts communs. Grâce à l’union des travailleurs dans la lutte, la masse des prolétaires se transforme en classe pour soi : ses membres prennent conscience de leur unité de classe et de leur opposition à la classe antagoniste. Apparaît la conscience de classe.
Les forces productives industrielles se développent de plus en plus sous l’effet de l’accumulation du capital et de l’intensification du travail tandis que les rapports de production sont marqués par l’aggravation de l’exploitation : la plus value augmente tandis que les salaires baissent sous l’effet de la concurrence que les ouvriers se livrent sur le marché.
Les forces productives industrielles donc vont entrer en contradiction avec les rapports de production En effet, la paupérisation des travailleurs ne permet pas d’écouler une production de richesses de plus en plus grande. Des masses de plus en plus grandes de travailleurs basculent dans le prolétariat, la lutte des classes devient bipolaire. Ainsi la classe ouvrière se renforce-t-elle. L’union des travailleurs contre les capitalistes pourrait aboutir à une révolution faite par l’immense majorité du peuple.
3 Prolongements actuels
31 La fin des conflits de classe ?
La révolte des canuts : 1831, la Révolution de 1848, la Commune de Paris, le Front populaire (congés payés) : 1936, sont les grands évènements qui ont forgé la « conscience de classe ».
De multiples facteurs expliquent le recul du conflit de classe.
L’affaiblissement de la conscience collective du prolétariat : déclin de l’idéologie marxiste, évolutions de la structure sociale (moyennisation/embourgeoisement, tertiarisation, féminisation, hausse du niveau de qualification), montée de l’individualisme et de la rationalité sur fond de crise économique et de chômage de masse.
La désyndicalisation et l’institutionnalisation des syndicats : le syndicalisme révolutionnaire, conformément à la vision marxienne, a été un moyen de lutter contre le capitalisme. Cependant, il devient peu à peu un instrument de régulation sociale permettant de pacifier les rapports sociaux dans le cadre du capitalisme.
Selon A. Touraine, le conflit pour le partage de la valeur ajoutée, conflit central des sociétés industrielles, n’est plus fondamental dans les sociétés post industrielles car les travailleurs ne sont plus exploités mais plutôt manipulés et privés de pouvoir décisionnel. Exemple : diffusion de modèles de consommation.
Les valeurs matérialistes, liées aux conflits du travail, sont remplacées par des valeurs post matérialistes, liées à des revendications d’égalité d’essence démocratique. Le nouveau conflit central serait alors celui qui oppose dominants et dominés, citoyens et technocrates.
Le concept de conflit de classe garde un sens mais il oppose désormais manipulateurs et manipulés.
32 La fin des classes ?
Selon H. Mendras, il n’y a plus de classes sociales au sens marxiste du terme, CAD déterminées par la position occupée dans les rapports de production. Il n’y a plus de classes sociales au sens commun du terme, CAD de grands groupes sociaux mobilisables autour d’intérêts communs. Cet auteur introduit la notion de « classes centrales » : si la classe moyenne se définissait par rapport à sa position dans la hiérarchie sociale, fondée sur des critères économiques, la classe centrale (constellation centrale) se définit par rapport à de multiples critères, par exemple le niveau de diplôme ou le pouvoir décisionnel. On peut alors parler de brouillage de la hiérarchie sociale car il n’y a plus d’échelle unique de hiérarchie sociale.
Pour L. Chauvel, en revanche, les classes sociales sont de retour, car on assiste à un maintien voire une aggravation des inégalités, à la reconstitution des barrières sociales. Exemples : exclusion, précarisation de l’emploi.
Cependant, les classes sociales n’ont plus conscience d’elles même : la classe défavorisée forme une classe en soi mais pas pour soi. Cette dernière manifeste en effet une faible capacité de mobilisation. Exemple : pas de manifestation de chômeurs.
Etudes de philosophie, journaliste, publie un grand nombre d’ouvrages de sciences économiques, de philosophie et de sociologie, organise l’action politique en contribuant à la création de l’organisation internationale des travailleurs
« Le manifeste du parti communiste » (avec F. Engels) 1848
« Le capital » (plusieurs tomes à partir de 1867)
1 Le contexte historique
11 Les conséquences de la Révolution industrielle
Le prolétariat de fabrique, CAD les travailleurs de l’industrie, constituent la classe ouvrière qui apparaît à partir de la RI en Angleterre. Ce phénomène est progressif car factory system et domestic system (travailleurs ruraux à domicile) vont coexister pendant longtemps.
12 Les conditions de travail du prolétariat
La formation de la main-d’œuvre s’apparente au dressage car la main d’oeuvre industrielle est d’origine rurale, sans expérience, sans formation, sans discipline. Les ouvriers sont soumis à un régime autoritaire et tyrannique. Les travailleurs de fabrique sont surexploités et soumis à des conditions de vie insalubres.
2 Le système marxien
21 L’explication du changement social
Les quatre idées fondamentales de la théorie marxiste sont la permanence des conflits de classe, la bipolarisation des conflits, le rôle moteur du conflit, la nature endogène du changement social : il naît du fonctionnement même de la société dans laquelle il se produit.
Les forces productives correspondent aux facteurs de production CAD les moyens de production (le capital) et la force de travail.
Le niveau de développement des forces productives dépend des facteurs démographiques qui déterminent la force de travail, du progrès technique qui influence les moyens de production.
Les rapports de production sont les rapports établis entre les hommes pour produire, dépendant du niveau de développement des forces productives. Exemple : le capitalisme est fondé sur le salariat, qui correspond aux forces productives industrielles caractérisées par le machinisme et la force de travail ouvrière.
On peut parler de déterminisme technique et économique chez Marx, car les rapports de production dépendent essentiellement de la technique. Ainsi le progrès technique va-t-il influencer les relations nouées entre les hommes. Exemple : le salariat dérive du machinisme naissant, CAD de la mise en œuvre des machines à vapeur.
On peut aussi parler de matérialisme, car pour Marx, la conscience des individus dépend de leur position dans les rapports de production. La façon d’agir et de penser dépend de nos conditions matérielles d’existence. Exemple : la servitude engendre la servilité
Progrès technique > Moyens de production > Niveau de développement des forces productives > Rapports de production > Conscience sociale
Un mode de production est la combinaison d’un certain niveau de développement des forces productives et d’un certain type de rapports de production. Exemples : le mode de production féodal est caractérisé par la combinaison de forces productives agricoles faiblement développées et du servage. Le mode de production capitaliste est caractérisé par la combinaison du machinisme et du salariat.
L’explication du changement social chez Marx est la suivante : les forces productives, qui évoluent sous l’effet du progrès technique, vont entrer en contradiction avec les rapports de production, ce qui va entraîner un changement du mode de production : il y aura changement social.
Par exemple, l’industrie manufacturière entre en contradiction avec les rapports de production féodaux car le servage, les corporations, entravent le libre jeu du marché. Or l’industrie moderne ne peut se développer que dans le cadre d’une société de marché.
On passe ainsi du mode de production féodal au mode de production capitaliste
22 L’analyse du capitalisme
La plus-value est la différence entre la valeur des marchandises crées par le travail et la valeur des marchandises nécessaire à la reproduction de la force de travail CAD les salaires (de subsistance) perçus par les travailleurs.
Le taux de plus-value est le rapport entre plus value et salaire. Il dépend essentiellement de la durée du travail, le salaire étant maintenu au niveau de subsistance.
La plus-value est l’enjeu d’un conflit d’intérêt : dans le mode de production capitaliste, la plus value extorquée par la bourgeoisie aux ouvriers est d’autant plus élevée que les salaires sont faibles.
Le moyen d’action des travailleurs face aux capitalistes est le syndicat, coalition des travailleurs face aux capitalistes. Le premier objectif des syndicats est de faire cesser la concurrence que les ouvriers se livrent sur le marché, de façon à faire obstacle à la chute des salaires. Le second est d’abattre le capitalisme et d’instaurer le socialisme, propriété collective des moyens de productions dans une société sans classes.
La lutte des classes, antagonisme entre classes sociales opposées par des intérêts contradictoires, oppose la bourgeoisie et le prolétariat.
L’appartenance de classe dépend de la position occupée dans les rapports de production. Avant que ne commence la lutte, la masse des travailleurs forme une classe en soi car elle occupe une même position dans les rapports de production: situation commune, intérêts communs. Grâce à l’union des travailleurs dans la lutte, la masse des prolétaires se transforme en classe pour soi : ses membres prennent conscience de leur unité de classe et de leur opposition à la classe antagoniste. Apparaît la conscience de classe.
Les forces productives industrielles se développent de plus en plus sous l’effet de l’accumulation du capital et de l’intensification du travail tandis que les rapports de production sont marqués par l’aggravation de l’exploitation : la plus value augmente tandis que les salaires baissent sous l’effet de la concurrence que les ouvriers se livrent sur le marché.
Les forces productives industrielles donc vont entrer en contradiction avec les rapports de production En effet, la paupérisation des travailleurs ne permet pas d’écouler une production de richesses de plus en plus grande. Des masses de plus en plus grandes de travailleurs basculent dans le prolétariat, la lutte des classes devient bipolaire. Ainsi la classe ouvrière se renforce-t-elle. L’union des travailleurs contre les capitalistes pourrait aboutir à une révolution faite par l’immense majorité du peuple.
3 Prolongements actuels
31 La fin des conflits de classe ?
La révolte des canuts : 1831, la Révolution de 1848, la Commune de Paris, le Front populaire (congés payés) : 1936, sont les grands évènements qui ont forgé la « conscience de classe ».
De multiples facteurs expliquent le recul du conflit de classe.
L’affaiblissement de la conscience collective du prolétariat : déclin de l’idéologie marxiste, évolutions de la structure sociale (moyennisation/embourgeoisement, tertiarisation, féminisation, hausse du niveau de qualification), montée de l’individualisme et de la rationalité sur fond de crise économique et de chômage de masse.
La désyndicalisation et l’institutionnalisation des syndicats : le syndicalisme révolutionnaire, conformément à la vision marxienne, a été un moyen de lutter contre le capitalisme. Cependant, il devient peu à peu un instrument de régulation sociale permettant de pacifier les rapports sociaux dans le cadre du capitalisme.
Selon A. Touraine, le conflit pour le partage de la valeur ajoutée, conflit central des sociétés industrielles, n’est plus fondamental dans les sociétés post industrielles car les travailleurs ne sont plus exploités mais plutôt manipulés et privés de pouvoir décisionnel. Exemple : diffusion de modèles de consommation.
Les valeurs matérialistes, liées aux conflits du travail, sont remplacées par des valeurs post matérialistes, liées à des revendications d’égalité d’essence démocratique. Le nouveau conflit central serait alors celui qui oppose dominants et dominés, citoyens et technocrates.
Le concept de conflit de classe garde un sens mais il oppose désormais manipulateurs et manipulés.
32 La fin des classes ?
Selon H. Mendras, il n’y a plus de classes sociales au sens marxiste du terme, CAD déterminées par la position occupée dans les rapports de production. Il n’y a plus de classes sociales au sens commun du terme, CAD de grands groupes sociaux mobilisables autour d’intérêts communs. Cet auteur introduit la notion de « classes centrales » : si la classe moyenne se définissait par rapport à sa position dans la hiérarchie sociale, fondée sur des critères économiques, la classe centrale (constellation centrale) se définit par rapport à de multiples critères, par exemple le niveau de diplôme ou le pouvoir décisionnel. On peut alors parler de brouillage de la hiérarchie sociale car il n’y a plus d’échelle unique de hiérarchie sociale.
Pour L. Chauvel, en revanche, les classes sociales sont de retour, car on assiste à un maintien voire une aggravation des inégalités, à la reconstitution des barrières sociales. Exemples : exclusion, précarisation de l’emploi.
Cependant, les classes sociales n’ont plus conscience d’elles même : la classe défavorisée forme une classe en soi mais pas pour soi. Cette dernière manifeste en effet une faible capacité de mobilisation. Exemple : pas de manifestation de chômeurs.
Emile Durkheim (1858 – 1917)
Lien social et intégration
Professeur de philosophie à la Sorbonne, fondateur de la sociologie en tant que discipline autonome, lance et anime "L’année sociologique" à partir de 1896
« De la division du travail social » 1893
« Les règles de la méthode sociologique » 1895
« Le suicide » 1897
« Les formes élémentaires de la vie religieuse » 1912
1 Division du travail social et lien social
11 La division du travail social
La DTS désigne la répartition des tâches au sein de la société, dans tous les domaines de la vie sociale (en fonction de l’âge, du sexe, du diplôme, de la qualification. Exemple : dans un lycée: proviseur, professeurs, surveillants, élèves...).
La DTS ne concerne pas seulement l’activité économique, elle s’étend à l’ensemble de la vie en société. Exemple : au sein de la famille.
Selon Durkheim la DTS est à la fois une loi de la nature et une règle morale, car elle produit un sentiment de solidarité. La fonction de la division du travail n’est pas la recherche de l’intérêt économique mais la création de liens sociaux.
La densité morale d’une population est l’intensité des communications et des échanges entre les individus. Elle résulte de l’accroissement de la densité matérielle : concentration des individus, agglomérations, voies de communication... Selon Durkheim, la division du travail social s’accroît avec la densité matérielle et morale de la société.
12 Division du travail social et solidarité
La conscience individuelle est l’ensemble des croyances et des sentiments propres à un individu, la conscience collective est l’ensemble des croyances et des sentiments communs aux membres d’une même société.
Dans une société caractérisée par une solidarité mécanique, la CC domine la CI. Exemple : sociétés primitives. Le degré de la DTS dans une telle société est faible ou nul: les individus sont interchangeables. La solidarité mécanique est la solidarité existant entre les individus en raison de leurs similitudes. Elle est qualifiée de mécanique parce qu’elle rappelle celle des molécules des corps inorganiques.
Quand la solidarité mécanique est très développée, l’individu appartient à la société, par exemple dans une tribu existent des rituels à respecter.
Dans une société caractérisée par une solidarité organique, la CI domine la CC. Exemple : sociétés occidentales. Le degré de la DTS dans une telle société est élevé : les individus sont complémentaires.
La solidarité organique est la solidarité existant entre les individus en raison de leur complémentarité. Elle est qualifiée d’organique parce qu’elle rappelle celle des organes du corps des animaux supérieurs.
La solidarité organique améliore les performances du corps social. Les sociétés passent de la solidarité mécanique à la solidarité organique en raison de l’accroissement de la division du travail social.
13 Division du travail social et Droit
Le type de Droit caractéristique des sociétés à solidarité mécanique est le Droit répressif, parce que la conscience collective impose à tous des pratiques uniformes. Ceux qui s’en écartent sont durement sanctionnés. Exemple lapidation des femmes adultères.
Le type de Droit caractéristique des sociétés à solidarité organique est le droit est restitutif ou encore coopératif, parce que les individus exercent des rôles et des fonctions complémentaires au sein du système social. Il a pour fonction de remettre les choses en état pour mieux organiser la coopération des individus.
Les règles de Droit se multiplient sous l’effet de la division du travail en raison de l’interdépendance croissante des individus.
2 Les formes pathologiques du lien social
21 La division du travail anomique
L’anomie est un état dans lequel il y a carence ou déficience de règles sociales communément acceptées, de sorte que les individus ne savent plus comment orienter leur conduite
Les crises industrielles et commerciales qui provoquent des faillites d’entreprises et donc des ruptures de la solidarité organique, l’opposition entre capital et travail entraîne une multiplication des conflits si les règles sont trop floues sont les manifestations de l’anomie dans la vie économique. Cette dernière se développe en raison d’une insuffisance de réglementation des entreprises, de la production, du salariat...
L’industrie et du commerce sont peu moralisés, autrement dit en proie à l’égoïsme des individus. Durkheim propose la reconstitution des corporations et des groupes professionnels, qui pourraient définir des règles et contenir les égoïsmes individuels.
22 Le suicide
Le "suicide égoïste" résulte d’ un excès d’individuation, c’est à dire de l’insuffisance des liens sociaux qui normalement réconfortent l’individu. Il est causé par un défaut d’intégration sociale.
Les différents remèdes au suicide égoïste sont la cité, trop éloignée du citoyen, la religion, à l’autorité affaiblie, la famille, de plus en plus restreinte, le groupe professionnel, ultime rempart de l’intégration sociale!
L’évolution de la famille confirme partiellement les analyses de Durkheim : la structure des ménages est plus morcelée, mais la cellule familiale reste une institution sociale essentielle.
3 Prolongements actuels
31 Le travail est-il toujours intégrateur?
Les principaux facteurs de regression de l’intégration professionnelle survenus depuis la crise sont la montée du chômage et la diversification du phénomène , les transformations du rapport salarial, le processus de précarisation de l’emploi, la segmentation du marché du travail ; les inégalités sociales face au chômage (jeunes, femmes, immigrés).
D’après S. Paugam., il existe trois formes de déviation par rapport à l’intégration assurée : incertaine du fait de menaces sur l’emploi, laborieuse du fait de la pénibilité, disqualifiante du fait d’un sous statut et de menaces sur l’emploi. Une intégration professionnelle imparfaite entraîne un risque de faible intégration sociale : désocialisation familiale, désintérêt de la cité.
Ainsi le travail ne joue plus totalement son rôle intégrateur mais demeure le principal vecteur d’intégration sociale.
32 De nouvelles solidarités?
Selon M. Maffesoli, l’apparition de micro groupes ou tribus et le développement des phénomènes de mode (vestimentaire, culturelle, idéologique) sont les signes d’un dépassement de l’individualisme. L’identité individuelle laisse place à l’identification à des tribus, voire à l’identification multiple CAD à plusieurs tribus : par exemple un internaute végétarien alter mondialiste. Le tribalisme se substituerait l’individualisme. Cependant, il diffère de celui des sociétés primitives car, s’il suppose le respect de certains rituels, il repose néanmoins sur l’adhésion volontaire.
Professeur de philosophie à la Sorbonne, fondateur de la sociologie en tant que discipline autonome, lance et anime "L’année sociologique" à partir de 1896
« De la division du travail social » 1893
« Les règles de la méthode sociologique » 1895
« Le suicide » 1897
« Les formes élémentaires de la vie religieuse » 1912
1 Division du travail social et lien social
11 La division du travail social
La DTS désigne la répartition des tâches au sein de la société, dans tous les domaines de la vie sociale (en fonction de l’âge, du sexe, du diplôme, de la qualification. Exemple : dans un lycée: proviseur, professeurs, surveillants, élèves...).
La DTS ne concerne pas seulement l’activité économique, elle s’étend à l’ensemble de la vie en société. Exemple : au sein de la famille.
Selon Durkheim la DTS est à la fois une loi de la nature et une règle morale, car elle produit un sentiment de solidarité. La fonction de la division du travail n’est pas la recherche de l’intérêt économique mais la création de liens sociaux.
La densité morale d’une population est l’intensité des communications et des échanges entre les individus. Elle résulte de l’accroissement de la densité matérielle : concentration des individus, agglomérations, voies de communication... Selon Durkheim, la division du travail social s’accroît avec la densité matérielle et morale de la société.
12 Division du travail social et solidarité
La conscience individuelle est l’ensemble des croyances et des sentiments propres à un individu, la conscience collective est l’ensemble des croyances et des sentiments communs aux membres d’une même société.
Dans une société caractérisée par une solidarité mécanique, la CC domine la CI. Exemple : sociétés primitives. Le degré de la DTS dans une telle société est faible ou nul: les individus sont interchangeables. La solidarité mécanique est la solidarité existant entre les individus en raison de leurs similitudes. Elle est qualifiée de mécanique parce qu’elle rappelle celle des molécules des corps inorganiques.
Quand la solidarité mécanique est très développée, l’individu appartient à la société, par exemple dans une tribu existent des rituels à respecter.
Dans une société caractérisée par une solidarité organique, la CI domine la CC. Exemple : sociétés occidentales. Le degré de la DTS dans une telle société est élevé : les individus sont complémentaires.
La solidarité organique est la solidarité existant entre les individus en raison de leur complémentarité. Elle est qualifiée d’organique parce qu’elle rappelle celle des organes du corps des animaux supérieurs.
La solidarité organique améliore les performances du corps social. Les sociétés passent de la solidarité mécanique à la solidarité organique en raison de l’accroissement de la division du travail social.
13 Division du travail social et Droit
Le type de Droit caractéristique des sociétés à solidarité mécanique est le Droit répressif, parce que la conscience collective impose à tous des pratiques uniformes. Ceux qui s’en écartent sont durement sanctionnés. Exemple lapidation des femmes adultères.
Le type de Droit caractéristique des sociétés à solidarité organique est le droit est restitutif ou encore coopératif, parce que les individus exercent des rôles et des fonctions complémentaires au sein du système social. Il a pour fonction de remettre les choses en état pour mieux organiser la coopération des individus.
Les règles de Droit se multiplient sous l’effet de la division du travail en raison de l’interdépendance croissante des individus.
2 Les formes pathologiques du lien social
21 La division du travail anomique
L’anomie est un état dans lequel il y a carence ou déficience de règles sociales communément acceptées, de sorte que les individus ne savent plus comment orienter leur conduite
Les crises industrielles et commerciales qui provoquent des faillites d’entreprises et donc des ruptures de la solidarité organique, l’opposition entre capital et travail entraîne une multiplication des conflits si les règles sont trop floues sont les manifestations de l’anomie dans la vie économique. Cette dernière se développe en raison d’une insuffisance de réglementation des entreprises, de la production, du salariat...
L’industrie et du commerce sont peu moralisés, autrement dit en proie à l’égoïsme des individus. Durkheim propose la reconstitution des corporations et des groupes professionnels, qui pourraient définir des règles et contenir les égoïsmes individuels.
22 Le suicide
Le "suicide égoïste" résulte d’ un excès d’individuation, c’est à dire de l’insuffisance des liens sociaux qui normalement réconfortent l’individu. Il est causé par un défaut d’intégration sociale.
Les différents remèdes au suicide égoïste sont la cité, trop éloignée du citoyen, la religion, à l’autorité affaiblie, la famille, de plus en plus restreinte, le groupe professionnel, ultime rempart de l’intégration sociale!
L’évolution de la famille confirme partiellement les analyses de Durkheim : la structure des ménages est plus morcelée, mais la cellule familiale reste une institution sociale essentielle.
3 Prolongements actuels
31 Le travail est-il toujours intégrateur?
Les principaux facteurs de regression de l’intégration professionnelle survenus depuis la crise sont la montée du chômage et la diversification du phénomène , les transformations du rapport salarial, le processus de précarisation de l’emploi, la segmentation du marché du travail ; les inégalités sociales face au chômage (jeunes, femmes, immigrés).
D’après S. Paugam., il existe trois formes de déviation par rapport à l’intégration assurée : incertaine du fait de menaces sur l’emploi, laborieuse du fait de la pénibilité, disqualifiante du fait d’un sous statut et de menaces sur l’emploi. Une intégration professionnelle imparfaite entraîne un risque de faible intégration sociale : désocialisation familiale, désintérêt de la cité.
Ainsi le travail ne joue plus totalement son rôle intégrateur mais demeure le principal vecteur d’intégration sociale.
32 De nouvelles solidarités?
Selon M. Maffesoli, l’apparition de micro groupes ou tribus et le développement des phénomènes de mode (vestimentaire, culturelle, idéologique) sont les signes d’un dépassement de l’individualisme. L’identité individuelle laisse place à l’identification à des tribus, voire à l’identification multiple CAD à plusieurs tribus : par exemple un internaute végétarien alter mondialiste. Le tribalisme se substituerait l’individualisme. Cependant, il diffère de celui des sociétés primitives car, s’il suppose le respect de certains rituels, il repose néanmoins sur l’adhésion volontaire.
David Ricardo (1772-1823)
Echange international et croissance
Agent de change, propriétaire foncier, spéculateur, député, défenseur du libre-échange, promoteur de l’abolition des Corn Law, un des grands représentants du courant classique anglais du XVIIIème siècle
« Des principes de l’économie politique et de l’impôt» 1817
1 La théorie des avantages comparatifs
11 A. Smith: l’avantage absolu
Selon A. Smith, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des B et S pour lesquels il dispose d' un avantage absolu, CAD pour lesquels le coût est plus faible que dans le que le RDM. Seules les Nations qui ont un AA peuvent participer à l’échange.
12 D. Ricardo: l’avantage comparatif ou relatif
En revanche, selon D. Ricardo, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des B et S pour lesquels il dispose d’un avantage comparatif, CAD pour lesquels le coût relatif est le plus favorable ou le moins défavorable. Toutes les Nations peuvent participer à l’échange, car elles ont toutes un avantage comparatif.
L’accroissement de la productivité dû à la spécialisation permet un accroissement du bien-être de la population: réduction du temps de travail ou augmentation du produit.
2 Avantages du libre échange et de la spécialisation
21 Le bien être
La spécialisation accroît l’efficacité des facteurs de production. Elle accroît le volume de la production. Elle stimule la concurrence.
22 La croissance
Le revenu de la Nation se partage entre profits et salaires (et aussi rente).
Les salaires se maintiennent au niveau de subsistance sur le marché du travail. Plus ils sont faibles, plus les profits sont élevés.
Importer des marchandises achetées par les profits, comme le velours, permet d’accroître la quantité et la variété mais ne permet pas d’accroître les profits. Au contraire, importer des marchandises achetées par les salaires, comme le blé, permet alors d’accroître les profits. L’importation entraîne la baisse du prix du blé, abaisse le salaire de subsistance exprimé en monnaie, donc augmente les profits.
Le profit est le seul stimulant de l’investissement et partant de l’activité productive. Il repousse les limites de la croissance, empêche l’état stationnaire CAD la croissance nulle.
3 Hypothèses
31 Le commerce interbranche dans le cadre des nations
Ricardo fait référence au commerce inter branche, caractérisé par des échanges ou chaque pays exporte des biens de nature différente de ceux qu’il importe: vin contre drap.
32 L’absence de mobilité internationale des facteurs
Les hypothèses posées par Ricardo sont la mobilité du capital à l’intérieur des frontières, mais l’immobilité internationale du capital et du travail.
Par conséquent, les avantages comparatifs ne sont pas transférables.
33 Les rendements d’échelle constants
Ricardo fait implicitement l’hypothèse de rendements d’échelle constants, ce qui signifie que la production s’accroît proportionnellement à la quantité globale de facteurs utilisés.
A l’inverse, des rendements d’échelle croissants signifient que la production s’accroît plus que proportionnellement à la quantité globale de facteurs utilisés, CAD qu’il y a des économies d’échelle.
Ainsi, la spécialisation engendre un accroissement de la production qui entraîne des économies d’échelle, lesquelles permettent de développer un avantage comparatif
Par conséquent, c’est la spécialisation qui est à l’origine de l’avantage comparatif, et non plus l’inverse.
4 Prolongements actuels
41 L’importance croissante des firmes transnationales
Le développement des FTN traduit une forte mobilité des capitaux à l’échelle planétaire.
Ainsi, un AC peut être crée à partir de capitaux étrangers.
42 Le développement du commerce intra branche
Le commerce interbranche caractérise des échanges ou chaque pays exporte des biens de nature différente de ceux qu’il importe. Le commerce intra branche caractérise des échanges ou chaque pays exporte et importe des biens de même nature.
Selon le modèle HOS, c’est l’abondance relative des facteurs qui explique l’avantage comparatif: chaque pays se spécialise dans la production des B et des S intégrant des facteurs qu’il détient en abondance. Ce modèle est de plus en plus contesté car le commerce intra branche est la forme de commerce la plus courante et en plus forte croissance.
Le développement des échanges intra branche s’explique par les rendements croissants et la concurrence monopolistique : chaque entreprise possède un monopole sur son produit différencié. Il en résulte une limitation de gamme des entreprises fabriquant des produits similaires, afin de bénéficier des économies d’échelle. Cette explication contredit l’hypothèse de Ricardo concernant les rendements d’échelle croissants.
Cependant, le développement des échanges intra branches n’infirme pas la conclusion de Ricardo quant aux vertus de la spécialisation car un pays a toujours intérêt à se spécialiser … dans n’importe quoi !
43 Intérêt et limites de l’intervention étatique
La théorie traditionnelle se résume à l’AC ricardien expliqué par les dotations en facteurs, la « nouvelle théorie » est celle qui s’oppose à la théorie traditionnelle, CAD à l’idée libérale selon laquelle le libre échange conduit un pays à la situation optimale.
En effet, il existe des externalités positives technologiques : autrement dit, certaines activités ont des retombées importantes en termes de progrès technique lequel bénéficie simultanément tout les agents économiques (il a les caractéristiques d’un bien collectif) : cf. microprocesseurs. Par conséquent, L’Etat doit encourager le développement des branches de haute technologie (politique de R et D, dépenses d’éducation, investissements publics). Le progrès technique est plus important, les GDP se multiplient
En outre, une firme peut bénéficier d’économies d’échelle dans un contexte de monopole naturel ou de secteurs oligopolistiques. Ainsi, la spécialisation engendre un accroissement de la production qui entraîne des économies d’échelle, lesquelles permettent de développer un avantage comparatif.
Par conséquent, l’Etat doit mener une politique commerciale stratégique afin d’encourager l’activité intérieure au détriment de la concurrence étrangère, par exemple par des subventions à l’exportation. La production augmente, les coûts baissent, la branche devient compétitive : cf. modèle Airbus Boeing
La « nouvelle théorie » remet radicalement en cause la logique du modèle ricardien, car c’est la spécialisation qui est à l’origine de l’avantage comparatif, et non plus l’inverse. Les AC ne sont plus donnés mais construits.
La stratégie de développement de la Corée illustre la « nouvelle théorie » : La Corée ne s’est pas contentée d’exploiter son AC dans le textile mais en a créés de nouveaux par une « remontée de filière » (extension des activités de production de l’aval vers l’amont) vers des activités à forte intensité capitalistique, puis à forte densité technologique.
Cependant, les limites de l’intervention étatique sont le risque de représailles et l’incertitude quant à la spécialisation porteuse.
Agent de change, propriétaire foncier, spéculateur, député, défenseur du libre-échange, promoteur de l’abolition des Corn Law, un des grands représentants du courant classique anglais du XVIIIème siècle
« Des principes de l’économie politique et de l’impôt» 1817
1 La théorie des avantages comparatifs
11 A. Smith: l’avantage absolu
Selon A. Smith, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des B et S pour lesquels il dispose d' un avantage absolu, CAD pour lesquels le coût est plus faible que dans le que le RDM. Seules les Nations qui ont un AA peuvent participer à l’échange.
12 D. Ricardo: l’avantage comparatif ou relatif
En revanche, selon D. Ricardo, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des B et S pour lesquels il dispose d’un avantage comparatif, CAD pour lesquels le coût relatif est le plus favorable ou le moins défavorable. Toutes les Nations peuvent participer à l’échange, car elles ont toutes un avantage comparatif.
L’accroissement de la productivité dû à la spécialisation permet un accroissement du bien-être de la population: réduction du temps de travail ou augmentation du produit.
2 Avantages du libre échange et de la spécialisation
21 Le bien être
La spécialisation accroît l’efficacité des facteurs de production. Elle accroît le volume de la production. Elle stimule la concurrence.
22 La croissance
Le revenu de la Nation se partage entre profits et salaires (et aussi rente).
Les salaires se maintiennent au niveau de subsistance sur le marché du travail. Plus ils sont faibles, plus les profits sont élevés.
Importer des marchandises achetées par les profits, comme le velours, permet d’accroître la quantité et la variété mais ne permet pas d’accroître les profits. Au contraire, importer des marchandises achetées par les salaires, comme le blé, permet alors d’accroître les profits. L’importation entraîne la baisse du prix du blé, abaisse le salaire de subsistance exprimé en monnaie, donc augmente les profits.
Le profit est le seul stimulant de l’investissement et partant de l’activité productive. Il repousse les limites de la croissance, empêche l’état stationnaire CAD la croissance nulle.
3 Hypothèses
31 Le commerce interbranche dans le cadre des nations
Ricardo fait référence au commerce inter branche, caractérisé par des échanges ou chaque pays exporte des biens de nature différente de ceux qu’il importe: vin contre drap.
32 L’absence de mobilité internationale des facteurs
Les hypothèses posées par Ricardo sont la mobilité du capital à l’intérieur des frontières, mais l’immobilité internationale du capital et du travail.
Par conséquent, les avantages comparatifs ne sont pas transférables.
33 Les rendements d’échelle constants
Ricardo fait implicitement l’hypothèse de rendements d’échelle constants, ce qui signifie que la production s’accroît proportionnellement à la quantité globale de facteurs utilisés.
A l’inverse, des rendements d’échelle croissants signifient que la production s’accroît plus que proportionnellement à la quantité globale de facteurs utilisés, CAD qu’il y a des économies d’échelle.
Ainsi, la spécialisation engendre un accroissement de la production qui entraîne des économies d’échelle, lesquelles permettent de développer un avantage comparatif
Par conséquent, c’est la spécialisation qui est à l’origine de l’avantage comparatif, et non plus l’inverse.
4 Prolongements actuels
41 L’importance croissante des firmes transnationales
Le développement des FTN traduit une forte mobilité des capitaux à l’échelle planétaire.
Ainsi, un AC peut être crée à partir de capitaux étrangers.
42 Le développement du commerce intra branche
Le commerce interbranche caractérise des échanges ou chaque pays exporte des biens de nature différente de ceux qu’il importe. Le commerce intra branche caractérise des échanges ou chaque pays exporte et importe des biens de même nature.
Selon le modèle HOS, c’est l’abondance relative des facteurs qui explique l’avantage comparatif: chaque pays se spécialise dans la production des B et des S intégrant des facteurs qu’il détient en abondance. Ce modèle est de plus en plus contesté car le commerce intra branche est la forme de commerce la plus courante et en plus forte croissance.
Le développement des échanges intra branche s’explique par les rendements croissants et la concurrence monopolistique : chaque entreprise possède un monopole sur son produit différencié. Il en résulte une limitation de gamme des entreprises fabriquant des produits similaires, afin de bénéficier des économies d’échelle. Cette explication contredit l’hypothèse de Ricardo concernant les rendements d’échelle croissants.
Cependant, le développement des échanges intra branches n’infirme pas la conclusion de Ricardo quant aux vertus de la spécialisation car un pays a toujours intérêt à se spécialiser … dans n’importe quoi !
43 Intérêt et limites de l’intervention étatique
La théorie traditionnelle se résume à l’AC ricardien expliqué par les dotations en facteurs, la « nouvelle théorie » est celle qui s’oppose à la théorie traditionnelle, CAD à l’idée libérale selon laquelle le libre échange conduit un pays à la situation optimale.
En effet, il existe des externalités positives technologiques : autrement dit, certaines activités ont des retombées importantes en termes de progrès technique lequel bénéficie simultanément tout les agents économiques (il a les caractéristiques d’un bien collectif) : cf. microprocesseurs. Par conséquent, L’Etat doit encourager le développement des branches de haute technologie (politique de R et D, dépenses d’éducation, investissements publics). Le progrès technique est plus important, les GDP se multiplient
En outre, une firme peut bénéficier d’économies d’échelle dans un contexte de monopole naturel ou de secteurs oligopolistiques. Ainsi, la spécialisation engendre un accroissement de la production qui entraîne des économies d’échelle, lesquelles permettent de développer un avantage comparatif.
Par conséquent, l’Etat doit mener une politique commerciale stratégique afin d’encourager l’activité intérieure au détriment de la concurrence étrangère, par exemple par des subventions à l’exportation. La production augmente, les coûts baissent, la branche devient compétitive : cf. modèle Airbus Boeing
La « nouvelle théorie » remet radicalement en cause la logique du modèle ricardien, car c’est la spécialisation qui est à l’origine de l’avantage comparatif, et non plus l’inverse. Les AC ne sont plus donnés mais construits.
La stratégie de développement de la Corée illustre la « nouvelle théorie » : La Corée ne s’est pas contentée d’exploiter son AC dans le textile mais en a créés de nouveaux par une « remontée de filière » (extension des activités de production de l’aval vers l’amont) vers des activités à forte intensité capitalistique, puis à forte densité technologique.
Cependant, les limites de l’intervention étatique sont le risque de représailles et l’incertitude quant à la spécialisation porteuse.
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